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LA RÉPUBLIQUE VI

Tu as raison, dit-il.

Après cette qualité, en voici une autre ; vois s’il n’est pas nécessaire qu’on la trouve aussi dans le caractère de ceux cqui doivent être tels que nous avons dit.

Laquelle ?

La sincérité et la volonté de n’admettre jamais sciemment le mensonge[1], mais de le détester et de chérir la vérité.

C’est naturel, dit-il.

Il n’est pas seulement naturel, ami, il est absolument nécessaire que l’homme à qui la nature a donné le caractère amoureux chérisse tout ce qui est parent ou ami de l’objet aimé.

C’est juste, dit-il.

Eh bien, peut-on trouver quelque chose de plus étroitement lié à la science que la vérité ?

Impossible, dit-il.

Or se peut-il que le même esprit aime à la fois la science det le mensonge ?

Pas du tout.

Par conséquent celui qui aime réellement la science doit dès ses premières années poursuivre de toutes ses forces la vérité tout entière.

Absolument.

Mais quand les désirs se portent violemment vers un seul objet, nous savons, n’est-ce pas ? qu’ils ont moins de force pour tout le reste, le torrent se trouvant détourné dans cette seule direction.

Sans doute.

Dès lors celui dont les désirs se sont portés vers les sciences et tout objet similaire ne cherche que le plaisir de l’âme seule, et il laisse de côté les plaisirs du corps, s’il n’est pas un philosophe simulé, mais un philosophe véritable.

eCela est de toute nécessité.

Un tel homme sera tempérant et sans cupidité aucune ; car les raisons pour lesquelles on recherche la richesse et la magnificence font qu’il est le dernier à qui convienne une telle recherche.

  1. Le mensonge doit être pris dans son sens strictement platonicien d’ignorance. L’homme d’État qui ne connaît pas l’idéal est un menteur ; mais celui qui trompe les citoyens en falsifiant les tirages au sort pour les mariages n’est pas un menteur.