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LA RÉPUBLIQUE V

Est-ce une faculté distincte de la science, ou est-ce la même ?

C’est une faculté distincte.

Ainsi donc l’opinion a pour objet une chose, la science une autre, chacune selon sa faculté propre ?

Oui.

La science, qui se rapporte à l’être, n’a-t-elle pas pour objet de connaître ce qu’est l’être ? Mais il me semble qu’il faut, avant d’aller plus loin, faire une distinction.

Laquelle ?


c XXI  Nous disons que les facultés sont des espèces de forces auxquelles nous devons de pouvoir faire ce que nous pouvons faire, nous et tous les autres agents. Par exemple je dis que la vue et l’ouïe sont des facultés. Comprends-tu ce que je veux dire par ce nom générique ?

Oui, dit-il, je comprends.

Écoute l’idée que je me fais des facultés. Je ne vois en elles ni couleur ni forme, ni aucune des qualités du même genre qu’on voit en beaucoup d’autres objets, qualités dont il me suffit de considérer quelques-unes pour distinguer à part moi ces objets et dire que les uns sont telle chose et les autres telle autre. dDans une faculté je ne considère que son objet et ses effets : c’est en me fondant là-dessus que j’ai donné à chacune son nom, et que j’appelle identiques celles qui ont le même objet et produisent les mêmes effets, et différentes celles qui ont un objet différent et produisent un effet différent. Et toi, comment les distingues-tu ?

De la même manière, dit-il.

Maintenant, dis-je, revenons à la science, excellent ami. La mets-tu elle-même au nombre des facultés, ou si tu la classes dans une autre espèce ?

eC’est une faculté, dit-il ; c’est même la plus puissante de toutes.

Et l’opinion ? la rangerons-nous dans les facultés ou dans quelque autre espèce ?

    cheval-idée (ἱππότητα). — C’est que, répondit Platon, tu as de quoi voir le cheval réel, mais tu n’as pas encore l’œil avec lequel on voit le cheval-idée. » Simplicius, in Schol. Arist. 66b 47 éd. Brandis. D’après Diogène Laërce, VI, 53, cette passe d’armes eut lieu entre Platon et Diogène.