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LA RÉPUBLIQUE V

Assurément si.

Ne seront-ils pas amis des Grecs, ne sentiront-ils pas leur parenté avec la Grèce et n’en partageront-ils pas la religion ?

Certes si.

471S’ils ont un différend avec les Grecs, ne le considéreront ils pas comme une discorde, puisqu’il sera entre parents, sans lui donner le nom de guerre ?

Si, en effet.

Dès lors ils mèneront les hostilités comme des gens destinés à se réconcilier ?

Assurément.

Ils les ramèneront doucement à la raison, sans pousser le châtiment jusqu’à les asservir ou les détruire ; car ils verront en eux des amis à corriger, non des ennemis.

C’est bien cela, dit-il.

Grecs, ils ne ravageront pas la Grèce, ils ne brûleront pas les maisons, ils ne regarderont pas comme ennemis tous les habitants d’un État, hommes, femmes, enfants, mais seulement les auteurs du différend qui sont toujours en petit nombre ; baussi ne voudront-ils pas ravager un territoire dont la plupart des habitants sont leurs amis, ni renverser les maisons, et ils ne poursuivront pas les hostilités au delà du moment où les coupables seront contraints par les innocents qui souffrent de donner satisfaction.

Je reconnais avec toi, dit-il, que telle doit être la conduite de nos citoyens envers leurs adversaires, et qu’à l’égard des barbares ils doivent se comporter comme les Grecs le font entre eux à présent.

Posons donc aussi en loi que nos gardiens ne ravageront pas la terre cet ne brûleront pas les maisons.

Posons-le, dit-il, et reconnaissons la bonté de cette loi comme des précédentes.


Notre État
est-il réalisable ?
Il le sera quand
les philosophes
seront rois.

XVII  Mais en réalité[1] je crois, Socrate, que, si on te laisse continuer sur cette matière, tu ne te souviendras jamais du sujet que tu as écarté tout à l’heure pour entrer dans tous ces déve-

  1. Ici commence la transition à la troisième cité, ou cité philosophique.