en restant penchés sur un cadavre ? D’ailleurs cette rapacité a déjà causé la perte de plus d’une armée.
C’est certain.
N’est-ce pas à tes yeux une vile cupidité de dépouiller un mort ? N’est-ce pas une petitesse d’esprit digne d’une femme de traiter en ennemi un cadavre, alors que l’ennemi s’est envolé, ne laissant là que l’instrument avec lequel il combattait ? eFais-tu quelque différence entre ceux qui font cela et les chiens qui s’en prennent à la pierre qui les a frappés, sans toucher à celui qui l’a lancée ?
Pas la moindre, dit-il.
Il faut donc renoncer à dépouiller les morts, et permettre à l’ennemi de les relever[1].
Oui, par Zeus, dit-il, il faut le faire.
XVI Nous n’irons pas non plus porter les armes dans les temples, pour les suspendre aux murs[2], surtout les armes des Grecs, pour peu que nous ayons à cœur de montrer notre bienveillance envers les autres Grecs. 470Nous craindrons bien plutôt qu’il n’y ait quelque chose de sacrilège à porter dans un temple des dépouilles enlevées à des parents, à moins que l’oracle n’en décide autrement.
C’est très juste, dit-il.
Et pour la dévastation du territoire grec et l’incendie des maisons, quelle sera, dis-moi, la conduite des soldats à l’égard des ennemis ?
C’est à toi d’expliquer ta pensée, si tu veux me faire plaisir.
Moi, repris-je, je suis d’avis qu’on ne fasse ni dévastation ni incendie bet qu’on se borne à enlever la récolte de l’année ; veux-tu que je te dise pourquoi ?
Certainement.
Il me semble que, s’il y a deux mots pour désigner la guerre et la discorde, c’est qu’il y a aussi deux choses qui
- ↑ Les lois de la guerre chez les Grecs permettaient de relever les morts, à moins que le parti qui en faisait la demande n’eût perdu ses droits en pillant ou en profanant un temple.
- ↑ Plutarque indique que les Spartiates faisaient exception à cet usage, Apoph. lac. 234 B.
de mourir auraient pu, s’ils fussent restés en vie, vaincre tous les barbares. » Âgés, VII (trad. P. Chambry). Cf. le mot du Spartiate Callicratidas, Xén., Hell., I, 6, 14.