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LA RÉPUBLIQUE V

Certainement, nous le croirons.

Nous demanderons à l’oracle quelles funérailles et quels honneurs particuliers il faut accorder à ces hommes qui tiennent des démons et des dieux, et nous les enterrerons comme l’oracle nous l’aura prescrit.

C’est ce que nous ferons.

Et dès lors nous soignerons et vénérerons leurs tombes, comme s’ils étaient des démons. bNous rendrons les mêmes honneurs à ceux qui mourront de vieillesse ou autrement, après s’être signalés dans leur vie par une éminente vertu.

Ce sera justice, dit-il.


Conduite
à tenir envers
l’ennemi.

Et maintenant à l’égard des ennemis comment nos soldats se comporteront-ils ?

En quoi ?

Premièrement en ce qui concerne l’esclavage, paraît-il juste que des cités grecques réduisent des Grecs en servitude ? ne devrait-on pas l’interdire, autant qu’il est possible, même aux autres États et les habituer à respecter la race grecque, excellente mesure cpour éviter d’être asservi par les barbares ?

De toute manière, dit-il, il importe de l’épargner.

Par conséquent nous n’aurons pas nous-mêmes d’esclaves grecs et nous conseillerons aux autres Grecs de faire comme nous ?

C’est tout à fait mon avis, dit-il ; s’ils nous écoutaient, ils se tourneraient plutôt contre les barbares et s’abstiendraient de toute guerre entre eux[1].

Et, ajoutai-je, la coutume de dépouiller les morts après la victoire — mettons les armes à part — te paraît-elle bonne ? N’est-ce pas pour les lâches dun prétexte de ne pas marcher à l’ennemi, comme s’ils remplissaient un devoir indispensable,

    génies de la terre, gardiens des mortels, dispensateurs de la richesse : c’est le royal honneur qui leur fut départi » (Trad. Mazon).

  1. C’est la politique que recommandait Isocrate (voir Isocrate de Mathieu et Brémond, vol. I, Intr., p. xi sqq. Budé), c’est celle qu’aurait voulu pratiquer Agésilas : « En apprenant la nouvelle qu’à la bataille de Corinthe les Lacédémoniens avaient perdu huit mille hommes et les ennemis près de dix mille, il n’en témoigna aucune joie et s’écria au contraire : Malheureuse Grèce ! ceux qui viennent