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LA RÉPUBLIQUE V

le demande ; par là, si par hasard un guerrier est épris d’un homme ou d’une femme, il sera plus ardent à remporter le prix de la valeur.

Parfait ! dis-je ; au surplus nous avons déjà dit que le citoyen d’élite convolera plus souvent que les autres et qu’on lui choisira plus souvent des femmes qui lui ressemblent, afin qu’il naisse de lui le plus d’enfants possible.

Nous l’avons dit en effet, fit-il.


XV  Mais voici encore, d’après Homère, une autre manière d’honorer dignement la bravoure des jeunes gens, dHomère dit[1] en effet qu’Ajax s’étant distingué dans la bataille, on lui servit par faveur un long morceau de râble, marque d’estime qui convenait à un héros dans la force de l’âge et qui devait à la fois honorer sa vaillance et accroître sa force.

Fort bien, dit-il.

Nous suivrons donc en ce point du moins, repris-je, l’autorité d’Homère. Nous aussi, et dans les sacrifices et dans toutes les solennités semblables, nous honorerons les braves selon leur mérite, non seulement par des hymnes et par les distinctions dont nous parlions tout à l’heure, mais encore par des places d’honneur, edes viandes et des coupes pleines, afin de fortifier, tout en leur marquant notre admiration, les hommes et les femmes de courage.

C’est très bien parler, dit-il.

Voilà un point réglé. Pour ceux qui seront morts à la guerre, après avoir signalé leur vaillance, ne dirons-nous pas d’abord qu’ils sont de la race d’or ?

Sans aucun doute.

Mais ne croirons-nous pas avec Hésiode que les hommes de cette race

469« deviennent des démons terrestres, sacrés, excellents, qui écartent les maux des mortels et veillent à leur conservation ?[2] »

  1. Homère, Il. VII 321-2. Dans l’Assemblée des Femmes 678-680, Praxagora veut que, dans les festins, de jeunes enfants célèbrent les vaillants guerriers et flétrissent les lâches, pour que la honte les empêche de dîner.
  2. Cf. Hésiode, Trav. et J. 121-3 : « Depuis que le sol a recouvert ceux de cette race, ils sont, par le vouloir de Zeus puissant, les bons