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LA RÉPUBLIQUE V

particulièrement à lui ou s’appliquent mieux à quelque autre.

Examinons donc, dit-il.

463Eh bien, n’y a-t-il pas dans les autres États, comme dans le nôtre, des gouvernants et des sujets ?

Si.

Ne se donnent-ils pas tous entre eux le nom de citoyens ?

Sans doute.

Mais, outre ce nom de citoyens, comment le peuple dans les autres États appelle-t-il ses gouvernants ?

Dans la plupart il les appelle maîtres, mais dans les démocraties, il leur donne ce nom même de gouvernants.

Et dans le nôtre, outre le nom de citoyens, comment le peuple appelle-t-il ses gouvernants[1] ?

bSauveurs et défenseurs, répondit-il.

Et ceux-ci, comment appellent-ils le peuple ?

Dispensateur de leur salaire et de leur nourriture, dit-il.

Et les gouvernants des autres États, comment traitent-ils les peuples ?

D’esclaves, dit-il.

Et les gouvernants, comment se traitent-ils entre eux ?

De collègues de souveraineté.

Et chez nous ?

De gardiens du même troupeau.

Pourrais-tu me dire si dans les autres États un gouvernant peut traiter tel de ses collègues en ami, tel autre en étranger ?

Cela lui arrive souvent.

Alors il pense et dit que les intérêts de son ami sont les siens, cmais que ceux des autres ne le touchent pas.

Oui.

    partie congénère. Aussi le corps ressent-il peine et plaisir pour la partie la plus petite. C’est que la partie la plus petite a toutes les parties, et ces parties, portant respectivement à leurs congénères, donnent l’annonce de tout. »

  1. Platon pense ici aux archontes athéniens. L’objet de ce chapitre, qui semble se rattacher assez lâchement à ce qui précède, est de prouver que la sympathie (συμπάθεια, communauté de sentiments) entre les différents ordres est beaucoup plus grande dans la cité platonicienne que dans toute autre, par l’interdépendance où ils sont entre eux.