Page:Platon - Œuvres complètes, Les Belles Lettres, tome VII, 1.djvu/130

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
458 d
64
LA RÉPUBLIQUE V

Ce n’est assurément pas, dit-il, une nécessité géométrique, mais une nécessité fondée sur l’amour, et dont l’aiguillon est peut-être plus piquant pour pousser et contraindre la foule.


Prescriptions
relatives
aux unions.

VIII  C’est vrai, dis-je ; mais ensuite, Glaucon, s’en remettre au hasard pour les accouplements, eou pour toute autre action, c’est une chose que ni la religion ni les magistrats ne permettront dans une société de gens heureux.

Ce ne serait pas juste en effet, dit-il.

Il est dès lors évident que nous ferons des mariages aussi saints[1] que possible, et nous regarderons comme saints ceux qui seront les plus avantageux à l’État.

C’est tout à fait mon avis.

459Et comment seront-ils les plus avantageux ? C’est à toi de me le dire, Glaucon ; car je vois dans ta maison des chiens de chasse et des oiseaux de belle race en grand nombre. Dis-moi, au nom de Zeus, as-tu pris garde à ce qu’on fait pour les accoupler et en avoir des petits ?

Que fait-on ? demanda-t-il.

Tout d’abord, parmi ces bêtes mêmes, quoique toutes de bonne race, n’y en a-t-il pas qui sont et qui se montrent meilleures que les autres ?

Il y en a.

Fais-tu faire des petits à toutes indistinctement, ou t’appliques-tu à en avoir surtout des meilleures ?

Des meilleures.

bEst-ce les plus jeunes, ou les plus vieilles, ou celles qui sont dans la force de l’âge que tu préfères pour cela ?

Celles qui sont dans la force de l’âge.

Et si l’on ne donnait pas ces soins à la génération, tu penses bien que la race de tes oiseaux et de tes chiens dégénérerait considérablement ?

Oui, dit-il.

Et pour les chevaux, ajoutai-je, et les autres animaux, crois-tu qu’il en soit autrement ?

  1. On appelait θεογαμία ou ἱερὸς γάμος le mariage de Zeus et d’Héra, qui était célébré par une fête spéciale. C’était le type idéal