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LA RÉPUBLIQUE V

d’esprit paresseux qui ont coutume de se repaître de leurs rêveries quand ils se promènent seuls. Ces sortes de gens ne cherchent pas le moyen de réaliser l’un quelconque de leurs désirs ; ils ne s’embarrassent pas de ce soin ; ils ont peur de se fatiguer à examiner si ce qu’ils souhaitent est réalisable ou ne l’est pas ; ils le supposent accompli, et là-dessus disposent tout le reste, prennent plaisir à énumérer ce qu’ils feront, quand leur désir sera réalisé, et augmentent par là b l’indolence naturelle à leur âme. bÀ présent je fais comme eux, je m’abandonne à la mollesse, je voudrais remettre à plus tard le soin d’examiner si mes propositions sont possibles. Pour le moment, supposant qu’elles le sont, je vais examiner, si tu le permets, comment les magistrats en régleront l’exécution et montrer que la pratique en entraînerait pour l’État et pour les gardiens des avantages sans pareils. Voilà ce que je vais essayer d’abord d’examiner avec toi ; le reste viendra ensuite, si tu veux bien.

Je veux bien, dit-il, examine.

Je crois, poursuivis-je, que, si nos magistrats sont dignes du nom qu’ils portent, cet si leurs auxiliaires leur ressemblent, les uns seront disposés à exécuter ce qu’on leur commandera, et les autres à commander en se conformant eux-mêmes aux lois ou en en suivant l’esprit dans les règlements dont nous leur aurons laissé l’initiative.

C’est naturel, dit-il.

Toi donc, repris-je, en qualité de législateur, tu feras un choix parmi les femmes, comme tu l’as fait parmi les hommes, et tu les assortiras aussi ressemblants que possible ; et les uns et les autres ayant en commun le logis et la table, puisqu’aucun d’eux ne possède rien de tel en particulier, vivront ensemble, dse mêleront ensemble dans les gymnases et dans tous les exercices, et ils se sentiront, je pense, entraînés par une nécessité naturelle à s’unir les uns aux autres. N’est-ce pas en effet une nécessité que cela arrive ?

    que de sentiments louables et nobles. Frappé des divisions qui déchiraient les États Grecs, il se flattait de les supprimer en faisant de l’État une grande famille et il espérait, en arrangeant des mariages entre les meilleurs, améliorer la race des gardiens, qui sont d’ailleurs, parmi les citoyens, les seuls auxquels il applique son communisme.