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LA RÉPUBLIQUE V

cussion a prouvé du même coup que cette disposition est réalisable et avantageuse.

À dire vrai, dit-il, c’est à une terrible vague que tu viens d’échapper.

Tu conviendras, repartis-je, qu’elle n’était pas énorme, quand tu auras vu celle qui suit.

Parle, dit-il ; fais-la voir.

À la suite de cette loi et des précédentes vient, je crois, celle-ci.

Laquelle ?


Communauté
des femmes
et des enfants
chez les guerriers.
Ses avantages.

dCes femmes de nos guerriers seront communes toutes à tous ; aucune n’habitera en particulier avec aucun d’eux ; les enfants aussi seront communs, et le père ne connaîtra pas son fils, ni le fils son père[1].

Il sera, dit-il, beaucoup plus difficile de faire admettre cette loi que l’autre, et d’en prouver la possibilité et l’utilité.

Pour l’utilité, repris-je, je ne crois pas que l’on conteste l’immense avantage de la communauté des femmes et de la communauté des enfants, s’il est vrai qu’elle soit réalisable ; c’est la possibilité qui, à mon avis, soulèvera le plus de contestations.

eC’est les deux à la fois, dit-il, que l’on pourra fort bien contester.

Tu les coalises ensemble, repartis-je. Moi, j’espérais me dérober à l’une des deux, si tu avais admis l’utilité, et n’avoir plus à discuter que la possibilité ou l’impossibilité.

J’ai bien vu, dit-il, que tu cherchais à t’échapper ; mais il faut que tu fasses la preuve de l’une et de l’autre.

Je subirai ma peine, répondis-je ; mais accorde-moi une faveur, 458laisse-moi prendre du relâche, comme ces gens

  1. L’excuse de Platon pour cette monstrueuse aberration du communisme des femmes et des enfants, c’est qu’il ne fut ni père, ni époux ; autrement, il n’aurait pas ainsi méconnu ce qui seul donne un but et un prix à la vie. En outre, il était Grec, d’un peuple où le mariage était avant tout une union légalisée pour la procréation d’enfants légitimes. Il faut reconnaître d’ailleurs qu’il ne s’inspire