Page:Platon - Œuvres complètes, Les Belles Lettres, tome VII, 1.djvu/110

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
452 c
54
LA RÉPUBLIQUE V

plupart des barbares[1], que des hommes se fissent voir tout nus, et que, lorsque les Crétois d’abord, et ensuite les Lacédémoniens dse mirent à la gymnastique, les plaisants de ce temps avaient quelque droit de traduire en ridicule toutes ces nouveautés ; ne le crois-tu pas ?

Si.

Mais lorsqu’en s’exerçant ils s’aperçurent qu’il valait mieux se mettre nu que de cacher telle partie du corps, la raison mettant en lumière ce qui était le mieux fit évanouir le ridicule que les yeux trouvaient à la nudité et cet exemple fit voir qu’il n’y a qu’un homme superficiel qui attache du ridicule à autre chose que le mal et que celui qui cherche à faire rire en ridiculisant etout autre spectacle que celui de la folie et du vice poursuit sérieusement une autre fin que le bien.

C’est très vrai, dit-il.


Objection :
à natures
différentes,
fonctions
différentes.

IV  Ne faut-il pas tout d’abord nous mettre d’accord sur la possibilité ou l’impossibilité de réaliser nos idées, et les livrer à la discussion plaisante ou sérieuse de 453qui voudra rechercher si la nature humaine chez la femme est capable de partager tous les travaux du sexe mâle, ou si elle n’est capable d’aucun, ou si elle est capable des uns, incapable des autres, et dans quelle classe il faut ranger les exercices de la guerre ? À commencer avec une si belle méthode, ne peut-on pas justement espérer d’aboutir à une belle conclusion ?

Assurément, dit-il.

Veux-tu, dis-je, que nous discutions entre nous la thèse de nos contradicteurs, en nous mettant à leur place, afin de ne pas assiéger une place vide de défenseurs ?

bRien n’empêche, dit-il.

Nous allons donc parler pour eux : « Pas n’est besoin, Socrate et Glaucon, que d’autres vous contestent vos propo-

  1. Cf. Hérodote 1, 10 : « Chez les Lydiens et chez presque tous les barbares, c’est une grande honte même pour un homme d’avoir été vu nu » et Thucydide 1, 6, 5 qui dit que les Lacédémoniens, non les Crétois, furent les premiers à se mettre nus.

    Platon approuve ici l’usage de se mettre nu pour les exercices