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LA RÉPUBLIQUE V

quittons d’avance et te déclarons pur d’homicide et de tromperie à notre égard. Rassure-toi donc et parle.

Il est vrai, dis-je, que l’homme acquitté de meurtre est pur au regard de la loi ; il est naturel que je sois traité comme lui.

À cet égard, dit-il, rien ne t’empêche donc de parler.

Il faut donc reprendre à présent, dis-je, un sujet que j’aurais dû sans doute traiter de suite auparavant. Aussi convient-il cpeut-être qu’après avoir mis en scène les hommes et bien déterminé leur rôle, j’y mette les femmes à leur tour, d’autant plus que tu m’engages à le faire.


Les femmes
auront les mêmes
fonctions et la
même éducation
que les hommes.

III  Pour des hommes nés et élevés comme nous l’avons exposé, il n’y a pas à mon avis, d’autre moyen de bien régler la possession et l’usage des femmes et des enfants que de leur faire suivre la voie où nous les avons engagés en commençant, lorsque nous avons entrepris dans notre plan de constituer nos guerriers comme des gardiens de troupeau.

C’est vrai.

dSuivons donc notre principe et attribuons aux femmes le même naturel et la même éducation qu’aux hommes, et voyons si cela convient ou non.

Comment ? dit-il.

Ainsi : croyons-nous que les femelles des chiens de garde[1] doivent veiller comme les mâles sur les troupeaux, chasser avec eux et faire tout en commun, ou qu’elles doivent garder le logis, comme incapables d’autre chose que d’enfanter et d’élever des petits, tandis que le travail et le soin des troupeaux seront le partage exclusif des mâles ?

eNous leur demanderons de tout faire en commun, dit-il, mais en tenant compte de la faiblesse des unes et de la force des autres.

Est-il possible, repris-je, de mettre un animal au même usage qu’un autre, si on ne le nourrit et ne le dresse pas de la même manière ?

Ce n’est pas possible.

  1. Aristote (Pol. 1264 b 4) trouve qu’il est absurde de comparer les femmes aux chiennes et de leur attribuer les mêmes occupations, parce que les chiens n’ont pas de ménage à soigner.