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LIVRE V



449Communauté
des femmes
et des enfants.

I  Telle est la forme d’État et de gouvernement que j’appelle bonne et vraie, et je donne le même nom à l’individu modelé sur elle ; mais si cette forme est la bonne, les autres sont des formes mauvaises et manquées, dont le vice affecte non seulement l’administration des cités, mais encore la formation de l’âme des individus. Ces États vicieux se ramènent à quatre espèces.

Lesquelles ? demanda-t-il.

J’allais les énumérer dans l’ordre où elles me paraissent sortir les unes des autres, blorsque Polémarque, qui était assis assez loin d’Adimante, avançant la main et saisissant le haut de son manteau à l’endroit de l’épaule, l’attira à lui, et, se tendant lui-même en avant, se pencha sur lui et lui dit quelques mots dont nous n’entendîmes rien, sauf ceci : « Le laisserons-nous passer outre ? dit-il, ou bien que ferons-nous ?

Il ne faut pas du tout le laisser passer, repartit Adimante, à haute voix, lui. »

Et moi : Qu’est-ce, dis-je, que vous ne voulez pas laisser passer ?

Toi, répliqua-t-il.

cMoi ? dis-je, et pourquoi ?

Il nous semble que tu le prends à ton aise, répondit-il, et que tu nous dérobes un chapitre entier, et non le moins important, pour n’avoir pas d’explications à donner ; tu as cru nous échapper en disant négligemment qu’au sujet des enfants et des femmes tout le monde sait bien que tout est commun entre amis.

N’est-ce pas exact, Adimante ? répondis-je.

Si, dit-il ; mais cette « exactitude » a besoin, comme tout