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LA RÉPUBLIQUE

C’est évident, dit-il.

Il te reste donc, repris-je, la lyre et la cithare pour la ville et une sorte de flûte de Pan pour les bergers à la campagne.

C’est à coup sûr, dit-il, une conséquence de notre raisonnement.

eAu reste, mon ami, repris-je, nous ne faisons rien d’extraordinaire en préférant Apollon et les instruments d’Apollon à Marsyas et aux instruments de Marsyas.

Non, par Zeus, dit-il, c’est mon avis.

Par le chien ! m’écriai-je, nous avons sans nous en apercevoir purifié la cité de la mollesse dont nous disions naguère qu’elle était infectée.

Et nous avons fait sagement, dit-il.


Le rythme.

XI  Eh bien ! dis-je achevons de la purifier. Après les harmonies, il nous reste à parler des rythmes. Il ne faut point chercher des rythmes variés ni des pieds de toute espèce, mais discerner quels sont les rythmes qui expriment la vie d’un homme réglé et courageux, et quand on les a discernés, contraindre la mesure 400aussi bien que la mélodie à se conformer aux paroles d’un tel homme, et non les paroles à la mesure et à la mélodie. Quels sont ces rythmes, c’est à toi de nous les désigner, comme tu as fait des harmonies.

Par Zeus, dit-il, je ne sais que dire. Ce que je sais, pour l’avoir étudié, c’est qu’il y a trois espèces de rythme qui servent à construire les mesures, de même qu’il y a quatre espèces de ton qui servent à composer toutes les harmonies ; mais quel rythme représente tel caractère, c’est ce que je ne saurais dire.

bSur ce point, dis-je, nous consulterons Damon pour savoir quelles mesures conviennent à la bassesse, à la violence, à la folie et aux autres défauts et quelles mesures il faut réserver aux qualités contraires. Je crois l’avoir vaguement entendu parler d’un mètre composé qu’il appelait énople[1], d’un dactyle, d’un héroïque qu’il disposait je ne

  1. L’énople n’est pas un pied proprement dit, c’est un rythme prosodiaque ou de marche composé d’un ionique majeur et d’un choriambe  énople : rythme avec tons.