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LA RÉPUBLIQUE

Assurément.

Mais il ne serait pas encore bien grand, si nous y ajoutions des bouviers, des bergers et les autres espèces de pasteurs, pour fournir aux laboureurs edes bœufs de labour, pour mettre à la disposition des maçons, aussi bien que des laboureurs, des bêtes de somme pour les charrois, et procurer aux tisserands et aux cordonniers des peaux et des laines.

Ce ne serait plus, dit-il, un petit État, s’il réunissait tant de personnes.

Mais, repris-je, il serait presque impossible[1] de fonder la ville elle-même en un endroit où elle n’aurait besoin de rien importer.

C’est impossible en effet.

Elle aura donc besoin encore d’autres citoyens pour lui apporter des autres États ce qui lui manque.

Elle en aura besoin.

Mais si le commissionnaire s’en va les mains vides, sans rien apporter de ce qui fait besoin à ces peuples où il va chercher ce qui manque à ses propres concitoyens[2], il reviendra les mains vides, 371n’est-ce pas ton avis ?

Si.

Il faut donc que l’État produise chez lui non seulement de quoi suffire à ses besoins, mais encore des objets tels et en tel nombre que les réclament les pays d’où il importe les denrées qui lui manquent.

C’est en effet nécessaire.

Il faut donc augmenter dans notre État le nombre des laboureurs et des autres artisans.

Il le faut.

Il lui faut de plus des commissionnaires pour importer et exporter les diverses denrées ; or ceux-ci sont des commerçants, n’est-ce pas ?

Oui.

    du travail sont les fondements sur lesquels Platon établira les différentes classes de citoyens dans son État.

  1. Néanmoins Platon essaye dans les Lois d’assurer à l’État cet avantage (704 A-705 B).
  2. Platon envisage les échanges de peuple à peuple tels qu’ils durent se pratiquer à l’origine, c’est-à-dire par le troc des marchandises. L’argent, comme moyen d’échange, ne sera d’abord employé que sur le marché intérieur (371 C).