Campbell, suivi par Burnet, a fait état dans son édition, à savoir le Venetus 185 (D[1]) dont je viens de parler et le Malatestianus ou Caesenas pl. XXVIII, 4 (M). Campbell a eu raison d’en tenir compte, puisqu’il ne connaissait pas F. Mais depuis que Burnet a mis en lumière la grande originalité de F, ces deux manuscrits sont devenus à peu près superflus ; car ils sont une contamination de A et de F ; M est beaucoup plus près de A et de T, D beaucoup plus près de F. M en effet ne diffère guère de A et de T que par un petit nombre de variantes et par une accentuation plus exacte de certains mots qui, selon le sens, portent des accents différents. Je ne l’ai pas collationné : je me suis borné à utiliser les apparats de Campbell et Burnet, où j’ai relevé quelques leçons. Pour D, plus important, je l’ai collationné sur une photographie. J’y retrouve la tradition de A dans une petite moitié des leçons, dans les deuxièmes personnes en ει du présent ou du futur passifs et moyens, dans la forme ἦ pour ἦν (328 c), dans l’emploi fréquent du ν éphelcystique devant un mot commençant par une consonne, etc. ; mais sur le fonds pris à A le copiste a transplanté une grande partie des leçons propres à F. L’activité des copistes est en effet plus grande qu’on ne le croit généralement. Ils ne copient pas toujours servilement, tant s’en faut ; ils choisissent souvent entre deux ou plusieurs exemplaires, et ne se font pas scrupule de corriger ce qui leur semble incorrect ; ils ajoutent même au texte pour le rendre plus clair. C’est par là que s’expliquent pour moi des additions qui ont paru très importantes à Campbell ; ainsi 333 b la malencontreuse addition οἰκοδομικοῦ τε καί, 370 d celle de ἢ οὔ, sorte de formule qui complète souvent une interrogation, celle de διαμάχεσθαι 374 a qui est inutile, celle de ἀλλὰ σκυτοτόμον 374 b, plus plausible, mais non nécessaire. Les autres divergences de AF et de D sont je crois des corrections de copiste, par exemple 337 c ἀποκρινεῖσθαι que le sens exige, au lieu de ἀποκρίνεσθαι AF, ποιεῖν pour ποιεῖ AF 352 a, et πάρεργον 411 e pour εἰπερ ἔργον A ou πάρεργον F, προϊὸν 536 d pour προιὼν F et προσιὸν A, toutes corrections qui se présentent d’elles-mêmes. Il n’est d’ailleurs pas impos-
- ↑ Ce manuscrit a deux lacunes importantes : la première va de 507 e après ὃ δὴ jusqu’à 515 d après ἀληθέστερα ; la deuxième, de 612 après ἔστι ταὖτα jusqu’à la fin.