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INTRODUCTION

et des lacunes et des fautes dont il fourmille, il n’en a pas moins une valeur éminente. Un des meilleurs éditeurs de la République, Chr. Schneider, attira le premier l’attention sur ce manuscrit. Il avait remarqué qu’il s’accorde souvent d’une manière surprenante avec certaines citations de Clément d’Alexandrie, d’Eusèbe, de Stobée. Burnet s’en fit faire une collation par Kral et prouva qu’il était le témoin d’une recension indépendante de celle du Parisinus A et antérieure au ve siècle de notre ère. Aussi a-t-il fait une large place à F dans son édition de la République. Il n’y prend pas seulement les leçons meilleures que celles de A, mais encore des variantes indifférentes, notamment des particules, surtout la particule γε qui abonde dans F, en sorte que son texte est un compromis entre les deux manuscrits A et F. Je n’ai pas suivi l’illustre éditeur de Platon dans cette voie, et je suis resté fidèle au Parisinus, toutes les fois que cela était possible, pour deux raisons. La première est que le texte de A est beaucoup plus correct et plus satisfaisant que celui de F ; et la deuxième, que l’accord de F et des citations antiques ne prouve pas, comme le croyait Alline, que ses leçons soient plus authentiques et meilleures que celles de A. Si en effet cet accord était universel et perpétuel, on pourrait croire que le texte lu par Eusèbe ou par Stobée est le vrai texte de Platon. Mais les citateurs sont parfois, quelques-uns très souvent, d’accord avec A seul ; d’autres fois, ils ne sont d’accord ni avec A ni avec F. De plus ils ne sont pas d’accord entre eux ; ils ne sont même pas toujours d’accord avec eux-mêmes, et, lorsqu’il y a dans Stobée, plusieurs citations du même passage, il arrive qu’elles ne portent pas les mêmes leçons. Il n’y avait donc pas de vulgate établie au ve siècle : il y avait des exemplaires différents ; et, si F s’accorde plus souvent que les autres manuscrits avec les citateurs antiques, cela laisse supposer que la recension de F était alors la plus répandue, mais non pas qu’elle était la meilleure. En conséquence j’ai maintenu ses droits à A ; j’en ai fait la base de ma recension. Je ne lui ai préféré F que lorsque F est nettement supérieur, quand il supplée une omission ou qu’il donne seul la véritable leçon.


Le Marcianus T.

À ces deux manuscrits il faut joindre la partie ancienne du Marcianus (1) app. class. 4, no 1, qui va du début au livre III 889 d (δεήσει), excel-