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CRATYLE

Cratyle. — Absolument.

Socrate. — Lesquels ?

Cratyle. — Ceux dont 429 tu parlais au début, les législateurs.

Socrate. — Affirmerons-nous que cet art existe chez les humains dans les mêmes conditions que les autres, oui ou non ? Voici ce que je veux dire. Les peintres sont les uns inférieurs, les autres supérieurs ?

Cratyle. — Parfaitement.

Socrate. — Les œuvres que produisent les peintres supérieurs — leurs peintures — sont plus belles, et celles des autres, plus médiocres ? Et de même pour les constructeurs, les maisons exécutées par les uns sont plus belles, et celles des autres plus laides ?

Cratyle. — Oui.

Socrate. — b Et les législateurs ? Les œuvres produites par les uns sont-elles plus belles, et celles des autres plus laides ?

Cratyle. — Je ne suis plus de cet avis.

Socrate. — Alors les lois ne te semblent pas les unes meilleures, les autres plus médiocres ?

Cratyle. — Non certes.


Suivant Cratyle tous les noms sont justes.

Socrate. — Et le nom, probablement, ne te semble pas non plus avoir été établi tantôt moins bien, et tantôt mieux ?

Cratyle. — Non certes.

Socrate. — À ce compte, tous les noms sont justes ?

Cratyle. — Tous ceux du moins qui sont des noms.

Socrate. — Eh bien, pour reprendre ce qu’on disait tout à l’heure, devons-nous prétendre qu’Hermogène ici présent n’a pas même c reçu ce nom, s’il n’a rien de commun avec la race d’Hermès ? ou qu’il l’a reçu sans doute, mais inexactement ?

Cratyle. — Il ne l’a pas même reçu, à mon avis, Socrate : il paraît l’avoir reçu, mais en fait ce nom appartient à un autre, à celui dont c’est aussi la nature.

    pas voir à la fois en avant et en arrière » (considérer à la fois le passé et l’avenir). Cf. III, 109-110.