Page:Platon - Œuvres complètes, Les Belles Lettres, tome V, 1.djvu/97

Cette page a été validée par deux contributeurs.
71
NOTICE

pas manqué d’y recourir[1]. On note même au passage des trimètres iambiques[2].


La seconde partie du discours.

Ces conclusions, relatives au contenu de l’éloge, à la composition et au style, sont-elles applicables à la seconde partie du discours ? Remarquons d’abord le caractère traditionnel de certains motifs de la consolation. La sollicitude de la cité pour les fils des citoyens tués à l’ennemi (248 d sq.) est mentionnée chez Thucydide (II, 46), Lysias (71-76) et Hypéride (41-42). Pour consoler les parents des morts, le Ménexène leur rappelle que leur vœu n’était point d’avoir des enfants immortels, mais vertueux et glorieux : souhait qui a été exaucé ; comparer Lysias, 77-79. L’allusion à la conscience que les morts gardent dans l’Hadès (248 b) reparaît dans Hypéride (43) sous une forme plus affirmative. La mention des jeux funèbres organisés par la cité (249 b) figure dans l’épitaphios de Lysias (80). Enfin la formule de congé qui clôt le discours du Ménexène est analogue à celle qui termine l’oraison funèbre de Périclès (Thuc., II, 46), et se retrouve chez le Pseudo-Démosthène (37).

Denys d’Halicarnasse, si sévère pour l’éloge du Ménexène, manifeste au contraire une grande admiration pour la seconde partie du discours, qu’il reproduit en entier. De nos jours, on a signalé le caractère profondément platonicien de cette consolation. La prosopopée des soldats morts rappelle la fameuse prosopopée des Lois dans le Criton[3]. Dans cette idée que rien n’a de valeur sans la vertu et que, séparée d’elle, toute science n’est que πανουργία (246 e), on reconnaît une thèse chère à Platon. La République (387 d) déclare, comme le Ménexène (247 d), que l’homme doit faire dépendre son bonheur de lui-même et non des biens qui lui viennent du

  1. 236 d τὴν εἱμαρμένην πορείαν ; 237 b ἔπηλυς (appliqué à ἡ γένεσις) ; 237 e πηγαὶ τροφῆς : le lait (blâmé par Denys, 28) ; 238 a πόνων ἀρωγή (l’huile) ; 245 d μῖσος ἐντέτηκε τῇ πόλει (souvenir de Sophocle, Él., 1311 ; cf. Stallbaum, o. l., p. 10).
  2. 238 e καλὴ μὲν ἀγαθῶν, ἡ δ’ ἐναντία κακῶν (signalé par Kaibel ; cf. Trendelenburg, o. l., p. 15, note) ; 245 d καθαρὸν τὸ μῖσος ἐντέτῃκε τῇ πόλει (Trendelenburg, id., 25).
  3. A. Croiset, o. l., p. 61.