Page:Platon - Œuvres complètes, Les Belles Lettres, tome V, 1.djvu/93

Cette page a été validée par deux contributeurs.
67
NOTICE

souci que plus haut de l’ordre chronologique. Les hauts faits des guerres médiques sont introduits par la formule : Ἔστι δὲ τούτων ὧν λέγω πρῶτα (239 c). L’orateur insiste sur la succession des rois perses : ὁ μὲν πρῶτος Κῦρος…, ὁ δὲ ὑὸς…, τρίτος δὲ Δαρεῖος (239 de). Il ne manque pas de faire observer que pour Marathon, Salamine et Artémision, Platées, l’ordre des temps est aussi l’ordre d’importance. Noter (240 d) τὰ ἀριστεῖα, τὰ δευτεραῖα ; plus loin (241 c) τρίτον δὲ λέγω. Quand il en vient aux luttes soutenues plus tard contre les Perses, il n’oublie pas de dire μετὰ δὲ τοῦτο (241 d). Le passage aux guerres livrées contre les cités grecques est fortement marqué par une formule qui résume le développement précédent, et annonce l’objet du suivant (241 e-242 a). Notons μετὰ δὲ τοῦτο (242 a), plus loin μετὰ δὲ ταῦτα (242 c). La guerre de Sicile est annoncée avec plus de précision encore par τρίτος δὲ πόλεμος (242 d). Plus loin, μετὰ δὲ ταῦτα etc. (243 d) appuie sur le rétablissement de la paix et introduit la mention de la guerre civile. Avec μετὰ δὲ ταῦτα (244 b) s’ouvre la période où Athènes se replie sur elle-même et s’isole. À la fin de l’éloge, tous les exploits célébrés sont résumés une dernière fois, dans une phrase où l’orateur s’excuse d’avoir dû omettre la plupart et les plus glorieux des hauts faits (246 a).

Certains critiques ont porté sur cette ordonnance accusée un jugement favorable[1]. Même s’il était fondé, serait-il juste d’attribuer à la composition du discours un caractère proprement « platonicien », et d’en conclure que l’auteur a voulu donner un modèle à l’oraison funèbre, en montrant tout ce que le genre pouvait gagner à une disposition claire et rigoureuse[2] ? À cet égard, nous dit-on, le Ménexène rappelle le premier discours de Socrate dans le Phèdre[3]. Il est vrai que, dans le Phèdre, Socrate reproche à Lysias le désordre de la

  1. Blass, o. l., p. 469, en fait ressortir la rigueur logique ; il loue l’habileté avec laquelle s’enchaînent les différentes parties, et compare ici l’art de Platon à celui d’Isocrate. — un rapprochement d’où il y aurait précisément à tirer des conclusions fort instructives sur les véritables intentions de Platon.
  2. C’est l’avis de A. Croiset, Sur le Ménexène de Platon (Mélanges Perrot, p. 59 sq.).
  3. A. Croiset, o. l., p. 60.