Page:Platon - Œuvres complètes, Les Belles Lettres, tome V, 1.djvu/88

Cette page a été validée par deux contributeurs.
62
MÉNEXÈNE

secouer le joug, acceptèrent, comme les autres, les largesses du Barbare[1]. Ce n’est pas eux qui prirent l’initiative de la guerre : ils se contentèrent, en 395, de s’allier aux Thébains par un traité purement défensif. Il n’est pas exact de prétendre (245 a) qu’Athènes délivra alors les cités grecques de l’asservissement[2]. Quand le Ménexène affirme (244 d) que le Grand Roi ne put trouver de salut en dehors d’elle, il donne à entendre que l’aide athénienne fut désintéressée : l’allégation ne résiste pas à l’examen[3]. L’exposé des circonstances où fut conclu le traité dit d’Antalcidas offre le même caractère de partialité et d’inexactitude[4]. Le Ménexène est loin de la

  1. Xénophon, Hell., III, 5.
  2. Son rôle dans la guerre de Corinthe ne fut pas de premier plan ; elle semble avoir eu peu de part, en 395, à la victoire d’Haliarte, où elle n’était représentée que par un détachement ; elle se fit battre avec ses alliés au combat de Corinthe (Xénophon, Hell., IV, 2), où les six cents cavaliers envoyés par elle furent durement éprouvés : la bataille de Coronée, en 394, fut un succès pour Agésilas (id., IV, 3), et, malgré des avantages de détail, les Athéniens ne purent empêcher la guerre de se poursuivre longtemps.
  3. La haine naturelle d’Athènes contre les Barbares (245 d) ne l’empêcha pas d’accueillir l’or perse ; en rappelant (245 ab) que la cité releva ses murs et sa flotte, l’auteur néglige de dire que ce fut avec les subsides reçus de Pharnabaze par Conon (Xénophon, Hell., IV, 8). C’est son profit qu’elle trouvait à soutenir Pharnabaze dans sa lutte contre Lacédémone.
  4. Wendland, o. l., p. 191. — L’initiative de la paix vint en réalité de Lacédémone, et non du Grand Roi. Il y eut deux moments dans les négociations. Celles qu’Antalcidas avait engagées avec Tiribaze en 392 échouèrent. Mais ce ne fut pas seulement par l’intervention des Athéniens (Xénophon, Hell., IV, 8) ; et, d’autre part, l’opposition d’Athènes se fondait beaucoup moins sur le désir de soustraire les Grecs d’Asie au joug de la Perse que sur la crainte égoïste de perdre Lemnos, Imbros et Scyros. Dans la suite, les Athéniens ne se trouvèrent pas isolés, comme le prétend le Ménexène : leur alliance avec Thèbes et Argos tenait toujours ; mais Conon avait été emprisonné par Tiribaze ; Téleutias s’était emparé de 10 trières athéniennes ; enfin Antalcidas, ayant négocié une alliance avec le Grand Roi et défait dans l’Hellespont une escadre athénienne (387) grâce aux renforts fournis par la Perse et par Syracuse, tenait la mer avec plus de quatre-vingts vaisseaux, empêchant la flotte du Pont de regagner Athènes (Xénophon, Hell., V, 1). Craignant une issue malheureuse de la guerre, harcelés par les corsaires d’Égine, et las