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NOTICE


Le plan du discours et les Τέχναι ῥητορικαί.

Que le plan suivi dans le Ménexène reproduise un ordre traditionnel, c’est ce que montrent, d’autre part, les traités de rhétorique, par exemple le Περὶ ἐπιδεικτικῶν de Ménandre[1]. L’épitaphios comprend deux parties essentielles : l’éloge et la consolation. Dans l’énumération des thèmes qui doivent former l’éloge, figurent en particulier la glorification de la race, de l’éducation, et des actes[2]. Mais nulle part ce plan n’est observé aussi scrupuleusement, ni développé de façon aussi complète que dans le Ménexène. Ailleurs certains thèmes sont omis, ou sommairement énoncés : ici, ils sont tous traités l’un après l’autre, et l’orateur, l’œil fixé sur la tradition, s’attache visiblement, en fidèle disciple des rhéteurs, à n’en négliger aucun.


L’éloge d’Athènes.

De même, la méthode suivie dans l’éloge du Ménexène montre que l’auteur se conforme à une convention établie, en faisant servir à la glorification d’Athènes tout ce qui lui est fourni par la légende et par l’histoire. Systématiquement, il efface les ombres de ce brillant tableau. Quand il parle (241 e) de l’expédition contre l’Égypte, il se garde bien[3] de rappeler le désastre qui la termina[4]. Lorsqu’il fait voir (242 a) Athènes engagée malgré elle, après les guerres médiques, dans une lutte contre les autres États grecs, il oublie les conflits déjà provoqués par l’extension de la puissance athénienne[5]. Dans la période qui

  1. Rhetores graeci (éd. Spengel), vol. III, p. 418 sq.
  2. Hypéride nous donne la preuve que ce plan traditionnel s’imposait, en quelque sorte, aux orateurs de discours funèbres : il s’excuse de passer rapidement sur le motif de l’autochtonie et sur celui de l’éducation.
  3. Wendland, o. l., p. 189.
  4. Thucydide, I, 104, 109, 110. En 455, les Athéniens restés en Égypte furent attaqués par les troupes de Mégabyze, chassés de Memphis, et finalement faits prisonniers, après avoir été bloqués dix-huit mois dans l’île de Prosopitis. Au printemps de 454, cinquante trières athéniennes et alliées, ayant abordé à la bouche Mendésienne, furent anéanties pour la plupart.
  5. En 459, Athènes, alliée contre Sparte avec Argos et Mégare, avait débarqué en Argolide des troupes qui furent battues par les Corinthiens et les Épidauriens. En 458, elle défit une flotte péloponnésienne et assiégea Égine (Thucydide, I, 105).