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NOTICE

sans aucun souci de vérité ni de mesure ; enfin, l’emploi systématique de tous les ornements de style en usage dans cette sorte d’éloquence. Que le discours ne doive pas être pris au sérieux et ne soit qu’une parodie, Socrate prend soin de nous en avertir : il craint que Ménexène ne se moque de lui en le voyant, malgré son âge, se livrer encore à la plaisanterie[1]. Il en rougit lui-même, comme il rougirait de danser en simple tunique, et il ne cède à la prière de son interlocuteur que parce qu’ils sont seuls[2].


Le discours de Socrate.

Le discours qu’il débite répond-il aux intentions marquées dans le préambule ?

Le plan, fort net, peut se résumer ainsi[3] :

Exorde (236 d-236 e παραμυθούμενος). Justification du discours ; indication du plan à suivre : éloge (ἐπαινέσεται) des morts ; conseils (παραινέσεται) aux vivants, comprenant une exhortation (παρακελευόμενος) aux fils et aux pères des défunts, puis des consolations (παραμυθούμενος) données aux parents.

I. Éloge (237 a-246 a τοιούτους ἄνδρας). Exorde (237 a-237 b ἀπεφήναντο) : il faut se régler sur l’ordre de la nature, célébrer d’abord la bonne naissance (εὐγένειαν) des morts ; puis leur nourriture et leur éducation (τροφήν τε καὶ παιδείαν) ; enfin leurs exploits (τὴν τῶν ἔργων πρᾶξιν).

1. La bonne naissance (237 b τῆς δ’ εὐγενίας-237 d νομίζει). Comprend deux points :

a. L’Attique est aimée des dieux (θεοφιλής). Preuve : la querelle des divinités qui s’en sont disputé la possession.

b. Seule elle n’a voulu enfanter que l’homme, le plus noble des êtres vivants.

2. La nourriture et l’éducation (238 e μέγα δὲ-239 a φρονήσεως). Comprend trois points :

a. La nourriture. Preuve de l’autochtonie des Athéniens : seul en ces temps lointains, leur pays a produit le blé

  1. 236 c.
  2. 236 d ; cf. Berndt, De ironia Menexeni Platonis, Münster, 1881, p. 24 ; Wendland, o. l., p. 180 ; Th. Gomperz, Les penseurs grecs, II, p. 465.
  3. Voir Berndt, o. l., p. 45.