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EUTHYDÈME

Criton. — Sans aucun doute.

Socrate. — Eh bien, dans chacun de ces arts ne vois-tu pas la plupart des gens b se couvrir de ridicule en tout ce qu’ils font ?

Criton. — Si, par Zeus ! c’est bien la vérité.

Socrate. — Eh bien, iras-tu pour ce motif fuir toi-même toutes les occupations et les interdire à ton fils ?

Criton. — Non, Socrate, ce ne serait pas juste.

Socrate. — Garde-toi donc, Criton, de faire ce qu’il ne faut pas. Envoie promener ceux qui pratiquent la philosophie, qu’ils soient bons ou mauvais, mais l’objet même de leur activité, mets-le soigneusement à l’épreuve. S’il te paraît sans valeur, c détournes-en tout le monde, et non pas seulement tes fils ; si, au contraire, il te semble tel que je le juge moi-même, mets-toi hardiment à sa poursuite, et exercez-vous à son étude, « depuis le père », comme on dit, « jusqu’aux petits enfants »[1].


  1. Pour ce dicton, voir Lois, VII, 804 d ; cf. Aristote, Ἀθ. πολ., XVI fin.