à tes ordres. Quand je ne saurai ce que tu demandes, m’ordonnes-tu de répondre quand même, sans supplément d’information ? »
« Tu comprends sans doute, dit-il, c quelque chose à mes paroles ? »
« Oui », dis-je.
« Réponds donc à ce que tu comprends. »
« Et si tu donnes, toi, tel sens à ta demande, lui dis-je, et que moi, comprenant autrement, je règle là-dessus ma réponse, te suffit-il qu’elle soit sans rapport avec la question[1] ? »
« À moi oui, dit-il, mais non à toi, j’imagine. »
« Eh bien, par Zeus ! dis-je, je ne répondrai pas avant d’être renseigné. »
« Tu ne répondras jamais à ce que tu comprends, dit-il, parce que tu ne cesses de dire des sornettes, et que tes manières sont par trop d d’un autre âge[2]. »
Je sentis alors qu’il se fâchait de mes distinctions, parce qu’il voulait me prendre au piège de ses mots[3]. Et je me souvins de Connos[4] : lui aussi, il se fâche contre moi chaque fois que je lui résiste ; après quoi il me néglige, comme ayant la tête dure. Or, comme j’étais bien déterminé à prendre aussi ses leçons, je crus nécessaire de céder, de peur que, me jugeant obtus, il ne refusât de m’accepter pour disciple. Je repris donc : « Eh bien, Euthydème, si ton avis est de procéder ainsi, e il faut le faire ; de toute façon tu sais discuter mieux que moi ; tu es du métier, et je suis un profane. Reprends donc ton questionnaire depuis le début. »
« Et toi tes réponses, dit-il. Dois-tu ou non ton savoir à une cause ? — Oui, dis-je, à mon âme. »
« 296 Voilà encore, dit-il, sa réponse qui déborde la question ! Je ne demande pas, moi, à laquelle tu dois ton savoir, mais si c’est à une cause. »
« Si j’ai encore trop répondu, dis-je, c’est faute d’éducation ; pardonne-moi. Je répondrai tout simplement que je
- ↑ Ἔπος : l’objet de l’entretien. Cf. πρὸς λόγον, Prot., 351 e, etc.
- ↑ Littér. tu es plus vieux qu’il ne faut, c’est-à-dire : par trop radoteur (cf. 287 b). Pour ἀρχαῖος, cf. Hipp. min., 371 d.
- ↑ Littér. les ayant disposés autour de moi, comme des filets de chasse.
- ↑ Cf. 272 c.