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ION

Schleiermacher a soumis l’Ion à un examen sévère[1]. Il insiste sur les contradictions qu’il croit découvrir dans la suite des idées, sur les incohérences du plan, sur la suffisance grossière et l’impolitesse de Socrate. Contre l’attribution à Platon il fait valoir enfin des raisons tirées de la langue. Ce qui semble le choquer surtout, c’est l’obscurité même du dessein poursuivi par l’auteur. Que l’objet du dialogue soit de tourner en dérision un rhapsode, nul ne saurait l’admettre. S’il vise les poètes, comment expliquer que la thèse ne soit pas présentée plus clairement ? Schleiermacher croit retrouver dans l’Ion le développement de la thèse déjà soutenue dans le Phèdre[2] sur les poètes, mais avec moins de netteté et de force. Frappé pourtant de l’accent incontestablement platonicien de certaines parties, il suppose que l’Ion est l’œuvre d’un disciple de Platon qui a travaillé, sans toujours bien comprendre, sur une ébauche du maître, ou peut-être une esquisse hâtive de Platon lui-même, qui n’a pu y mettre la dernière main. S’il hésitait encore à tenir l’Ion pour apocryphe, Bekker a été moins timide, et dans l’appendice ajouté à son étude Schleiermacher s’est rangé à l’avis de Bekker.

Le jugement de Goethe, les objections de Schleiermacher ont longtemps pesé sur la critique. Ast[3] et Zeller[4] se sont prononcés contre l’authenticité. G. Ritter[5] les a suivis, en alléguant des raisons de stylistique : l’usage qui est fait dans l’Ion des formules de réponse. L’authenticité, soutenue par K. Fr. Hermann[6], G. G. Nitzsch[7], Stallbaum[8], F. Dümmler[9], F. Stählin[10], Ed. Meyer[11], Gomperz[12], a trouvé plus

  1. O. l., p. 181 sq.
  2. Voir plus haut.
  3. Platons Leben und Schriften, 1816, p. 468 sq.
  4. Die Philosophie der Griechen³, 1875, II, 1, p. 418.
  5. Untersuchungen über Plato, 1888, p. 15 sq.
  6. Geschichte und System der platon. Philosophie, 1839, p. 435-439.
  7. O. l., Prolegomena.
  8. Prolegomena ad Ionem, 1857, p. 341.
  9. Antisthenica, 1882, p. 27 sq.
  10. O. l., p. 30 sq.
  11. Forschungen zur alten Geschichte, II, p. 174 sq.
  12. Les penseurs de la Grèce, trad. A. Reymond, II, p. 299, note 1.