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NOTICE


La date de l’Euthydème.

Sur la date où est censé avoir lieu l’entretien, l’Euthydème ne fournit que des indications vagues. Les deux sophistes, aujourd’hui des vieillards, ont été expulsés de Thurium depuis de longues années (271 c). Peut-être avaient-ils pris part à la colonisation de 443. Schleiermacher rattachait leur bannissement aux mesures de représailles dont le parti athénien de Thurium eut à souffrir en 413 et qui ramenèrent à Athènes Lysias et son frère. La chose n’est pas impossible, mais on n’aperçoit pas de relation nécessaire entre ces deux ordres de faits. D’autre part il est question de Protagoras (286 c) dans des termes qui paraissent impliquer qu’il n’existait plus à cette époque (ἐχρῶντο). Si l’on pouvait avec certitude fixer la mort de Protagoras en 411, il en résulterait que l’entretien se passe après cette date. Socrate est déjà πρεσβύτερος (272 a), et les enfants qui prennent avec lui les leçons de Connos se moquent, en le voyant, de leur maître de cithare qu’ils appellent γεροντοδιδάσκαλος (272 c). Ces indications ne prouvent pourtant pas que l’entretien se place dans les dernières années de Socrate. Il est sûrement antérieur à 404, puisqu’Alcibiade vit encore (275 b). Nous savons trop peu de chose sur Clinias pour tirer parti du renseignement que Platon nous donne sur son âge en l’appelant μειράκιον[1]. Mais Wilamowitz[2] fait remarquer que Critobule sort à peine de l’adolescence (271 b), tandis qu’au moment du procès de Socrate il a déjà une fortune personnelle, puisqu’il s’offre à payer l’amende avec son père[3]. L’entretien serait donc antérieur de plusieurs années à 399 ; peut-être se place-t-il vers 400.

Il serait d’ailleurs beaucoup plus intéressant de déterminer avec exactitude l’époque où fut écrit l’Euthydème. Frappé du grand nombre de problèmes auxquels touche le dialogue, Horn[4] le considère comme une sorte de programme, antérieur à la maturité philosophique de Platon. Il le place avant le Gorgias et même avant le Protagoras, après le Lysis et le Charmide, mais dans le même groupe que ces deux derniers

  1. 271 b et passim.
  2. O. l., p. 154.
  3. Platon, Apologie, 38 b.
  4. O. l., p. 181.