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NOTICE

Dionysodore relatif à son bien-aimé lui arrache, on l’a vu, une protestation indignée. Dès lors il part en guerre contre les étrangers, et particulièrement Dionysodore. Inhabile, au début, à découvrir le point faible dans les raisonnements de l’adversaire, et trop courroucé pour garder son sang-froid, il riposte par des sarcasmes insultants. Il faut que Socrate s’interpose pour l’apaiser. Il se radoucit aussitôt ; il a pour Dionysodore des paroles conciliantes. Mais quelques instants après, dans un débat qui met aux prises Socrate et les sophistes, il ne peut se retenir d’éclater encore ; il accuse Euthydème et Dionysodore de battre la campagne.

Quand les sophistes, appelés à l’aide par Socrate, engagent la troisième discussion, Ctésippe, qui commence à voir clair dans leur jeu, se met à les attaquer sur leur propre terrain. Comme ils prétendent tout savoir, il les accable impitoyablement des questions les plus incongrues. Il ne fait encore, à vrai dire, que reprendre et pousser à bout les objections de Socrate. Mais un peu plus loin il se sent assez fort pour prendre l’offensive, et retourner contre ses adversaires leurs propres raisonnements, afin d’en dégager l’absurdité. Se sentant maître de la situation, il ne se fâche plus et se borne à rire, quitte à lâcher parfois une insolence. Il ne proteste plus contre les sophismes : il leur tient tête, en en prenant hardiment le contre-pied, ou en inventant des arguties à l’exemple de l’adversaire. Enfin il réussit à faire tomber Dionysodore dans une réponse imprudente. C’en est fait : l’adversaire est à terre, et Ctésippe pousse un cri de triomphe. Socrate lui-même le remarque : à l’école des sophistes, il a appris le secret de les vaincre. Désormais Ctésippe n’intervient plus, sinon tout à fait à la fin du débat, pour saluer d’un bravo ! ironique l’inepte subtilité de Dionysodore, et annoncer aussitôt après que, devant ces jouteurs « invincibles », il ne lui reste qu’à quitter la place.


Euthydème et Dionysodore.

Les deux sophistes offrent, dans l’ensemble, le même caractère. Pratiquant le même art, ils se complaisent aux mêmes arguties, avec une assurance tranchante et un sentiment de leur supériorité qui les rendent ridicules l’un et l’autre. Chacun d’eux garde néanmoins sa physionomie propre. Euthydème, qui donne son nom au dialogue, est plus jeune