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NOTICE

guide : c’est à lui qu’il s’en remet, pour les choses de l’esprit, avec une confiance entière qu’on sent faite d’affection et de respect. Docile à ses conseils, il se déclare prêt à devenir, bien qu’il ait passé l’âge, son condisciple à l’école des sophistes. Il est pourtant choqué de voir Socrate condescendre à discuter avec d’aussi pauvres esprits qu’Euthydème et Dionysodore ; comme l’auditeur dont il rapporte les propos, il blâme une telle complaisance. Ce reproche n’est qu’un effet de l’estime exceptionnelle qu’il a pour son ami. Et lui-même il s’en excuse d’avance : n’y a-t-il pas quelque ridicule à vouloir faire la leçon à Socrate (304 d) ?


Clinias.

Clinias est un de ces jeunes aristocrates athéniens que l’on rencontre souvent parmi les auditeurs du philosophe. Fils d’Axiochos (271 b, 270 a), il est cousin d’Alcibiade, dont un frère, appelé aussi Clinias, se trouve mentionné dans le Protagoras (320 a). Platon le représente ici comme un tout jeune homme, un adolescent (μειράκιον, 271 b etc. ; νεανίσκος, 275 a), qui traîne à sa suite un nombreux cortège d’admirateurs (273 a). Il est un des familiers de Socrate, car, en l’apercevant, il vient avec empressement s’asseoir à sa droite (273 b). Et Socrate exprime l’affectueuse sollicitude dont ce charmant adolescent est entouré par ses amis, qui désirent le voir devenir un homme accompli (275 a).

En dépit de son âge, il a déjà quelque habitude de la discussion et de la méthode dialectique (275 a). Pourtant, sa timidité est extrême : dès la première question d’Euthydème, il perd contenance (275 a). En revanche, quand il est encouragé par Socrate, avec le secours de ce guide bienveillant dont la parole éclaire un à un tous les problèmes soulevés, sans chercher à déconcerter son inexpérience, il fait preuve de justesse d’esprit. À coup sûr, il est encore jeune et naïf, comme l’observe son interlocuteur ; il s’étonne d’entendre dire à Socrate que la σοφία implique l’εὐτυχία et en est une forme (279 d). Mais il n’hésite pas à affirmer que la σοφία peut s’enseigner, et Socrate le félicite d’être si bien entré dans sa doctrine (282 c). Dans le second entretien, il a déjà réalisé des progrès surprenants. Il ne se borne plus à acquiescer ; il prend délibérément parti ; il invoque l’expérience pour soutenir que les faiseurs de discours sont incapables d’utiliser