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EUTHYDÈME

Le récit est terminé. Un entretien de Socrate avec Criton y fait suite. Socrate a manifesté au début (272 b et suiv.) l’intention de se mettre à l’école des deux sophistes, et il a engagé Criton à suivre son exemple. À la fin de la discussion, il a prié lui-même Euthydème et Dionysodore de l’admettre parmi leurs disciples (304 b). Il revient encore à la charge auprès de Criton. Mais celui-ci se montre peu disposé à accepter l’invitation. Au sortir de l’entretien de Socrate avec les sophistes, il a rencontré un auditeur qui lui a manifesté son mépris pour ces sortes de disputes et pour ceux qui s’y prêtent. Criton désirerait pousser à la philosophie son fils Critobule, mais les éducateurs qui l’enseignent lui semblent extravagants. Socrate lui conseille de considérer dans la philosophie, non les individus qui s’y adonnent, mais l’objet même de leur recherche (304 b-307 c).


Valeur dramatique de l’Euthydème. Les personnages.

L’Euthydème est une comédie, une des plus spirituelles et des plus mordantes qu’ait composées Platon. Et c’est sa valeur dramatique qu’il convient d’abord de mettre en lumière. Chacun des personnages y a sa physionomie propre, dessinée avec autant de vie que de finesse.


Criton.

Criton, le vieil ami de Socrate, du même dème et du même âge que le philosophe, est un digne bourgeois, grave et scrupuleux, consciencieusement appliqué à ses obligations. Il possède des domaines : sa principale occupation est de les faire valoir (291 e) et de s’adonner aux affaires (304 c). Mais il a, malgré son état et son âge, le goût des entretiens philosophiques (304 c), et il est toujours prêt à s’instruire. Surtout, il songe à l’éducation de ses fils. Il sent bien qu’il ne s’est pas acquitté de tous ses devoirs envers eux en leur donnant pour mère une femme de bonne famille, et en travaillant à leur fortune : il doit encore en faire des hommes, et tous ses entretiens avec Socrate le confirment dans cette idée (306 d et suiv.). Il serait donc enclin à suivre ses avis, en dirigeant vers la philosophie son fils Critobule, qui est en âge d’aborder cette étude. Mais si la philosophie lui paraît être une belle chose, il fait peu de cas des éducateurs qui prétendent l’enseigner, et il confie ses perplexités à Socrate. Car Socrate est son