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EUTHYDÈME

geant à son tour Clinias, il l’amène à reconnaître que tous les hommes désirent être heureux, donc avoir beaucoup de biens (matériels : richesse, beauté, naissance, crédit, honneurs, et moraux : tempérance, justice, courage). Il faut y ajouter la sagesse. Y joindre l’εὐτυχία, c’est-à-dire la réussite, le don de toucher le but, est inutile, car cette qualité est impliquée dans la σοφία. Mais les biens ne sont tels que si l’on sait en faire usage ; unis à l’ignorance, ils sont pires que les maux. Pour acquérir du prix, ils doivent être dirigés par la science (ἐπιστήμη), qui procure à la fois la réussite (εὐτυχία) et le bon emploi des choses (εὐπραγία). Bref, le seul bien véritable est la raison (φρόνησις) et la sagesse ou savoir (σοφία). Il faut donc s’efforcer d’être aussi sage que possible. Or la sagesse s’enseigne ; d’où la nécessité de rechercher la sagesse (φιλοσοφεῖν).

Arrivé à cette conclusion, Socrate s’arrête pour laisser la place aux sophistes. Il les prie de faire un exposé sur le même sujet, ou, partant des résultats acquis, de poursuivre la recherche en montrant quelle science on doit acquérir pour être heureux (278 e-282 e).

Les sophistes rentrent alors en scène. Cette fois la discussion est beaucoup plus longue. Clinias n’y paraît plus : elle met aux prises Euthydème et Dionysodore, qui parlent tour à tour, avec Socrate et un amant de Clinias, le jeune Ctésippe. Elle ne donne d’ailleurs pas plus de résultat que la première, les deux sophistes usant du même système, qui consiste, quelle que soit la réponse de l’adversaire, à lui prouver qu’il a tort. Mais Clinias s’était borné à répondre : Ctésippe proteste et se fâche. Socrate intervient pour le calmer, et la discussion recommence entre Dionysodore et Ctésippe. Nouvelle intervention de Socrate : si Dionysodore a raison, l’enseignement des deux sophistes se trouve par là même sans objet. Dionysodore lui reproche de bavarder hors de la question, mais Socrate, se fondant sur les raisonnements mêmes de l’adversaire, revient à sa conclusion. Ctésippe s’emporte contre les sophistes, et de nouveau Socrate l’apaise : Euthydème et Dionysodore, dit-il, continuent à plaisanter. Il les engage à parler sérieusement, et lui-même, pour les y décider, va reprendre son entretien avec Clinias au point où il l’avait laissé (283 a-288 d).

Second entretien de Socrate et de Clinias. Le premier avait