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PHÈDRE

celui de l’homme capable de se divertir à la composition littéraire, en imaginant de beaux discours sur la Justice, ainsi que sur les autres objets par toi nommés !

Socrate. — En fait il en est bien ainsi, mon cher Phèdre. Mais il y a beaucoup plus de beauté, je crois, dans une certaine façon de s’appliquer pour de bon à cette fin : c’est quand, par l’usage de l’art dialectique et une fois prise en main l’âme qui y est appropriée, on y plante et sème des discours que le savoir accompagne ; discours qui sont en mesure de se donner assistance à eux-mêmes ainsi qu’à celui qui les a plantés, 277 et qui, au lieu d’être stériles, ont en eux une semence de laquelle, en d’autres naturels, pousseront d’autres discours ; en mesure de procurer toujours, impérissablement, ce même effet et de réaliser en celui qui le possède le plus haut degré de félicité qui soit possible pour un homme !

Phèdre. — Dans ce que tu dis il y a en effet beaucoup plus de beauté encore.


Résumé d’ensemble.

Socrate. — À présent bien sûr, Phèdre, nous voilà désormais capables, une fois l’accord établi sur ces points, de décider pour l’autre.

Phèdre. — Lequel ?

Socrate. — Eh mais ! celui sur lequel nous désirions voir clair et qui nous a amenés où nous en sommes ! C’était de nous livrer à une enquête sur le grief qu’on faisait à Lysias b d’écrire des discours, et aussi, à propos des discours mêmes, sur l’art ou l’absence d’art dans la manière de les écrire. Aussi bien suis-je d’avis que, pour ce qui caractérise la présence ou l’absence d’art, nous avons convenablement fait voir ce qui en est.

Phèdre. — Nous en fûmes d’avis, je ne dis pas non ! Revenons-y pourtant et remémore-moi comment.

Socrate. — Jusqu’à ce qu’on connaisse la vérité de chacune des questions dont on parle ou dont on écrit ; jusqu’à ce qu’on se soit rendu capable de définir toute la chose pour elle-même et qu’on sache en outre, après l’avoir définie, la subdiviser en retour selon ses espèces, en ne s’arrêtant qu’à l’espèce indivisible ; jusqu’à ce qu’ensuite, grâce à une analyse, fondée sur la même méthode, de la nature de l’âme, on