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NOTICE


I

LE BANQUET

Phédon
et le Banquet.

Le Banquet forme avec le Phédon un groupe parfaitement défini, tant par l’analogie, de part et d’autre, d’une élévation de l’âme vers l’Idéal, que par le contraste même des circonstances : le premier montre quelle est l’attitude du Philosophe au sein de la vie, le second, quelle est son attitude en face de la mort. À la fin de notre dialogue (223 cd) une indication peut sembler à cet égard tout à fait significative. Entre tous les buveurs demeurés dans la salle du banquet, trois seulement tiennent encore bon : Socrate, qui symbolise la Philosophie, Aristophane et Agathon, qui représentent respectivement la Comédie et la Tragédie ; la Philosophie n’a rien perdu de sa lucidité, mais les deux autres branlent du chef et sont près de s’assoupir. Ce que leur démontre la Philosophie, c’est qu’elles sont, chacune, un art incomplet : sinon, chacune d’elles devrait être capable de l’œuvre de l’autre. Sans doute le seraient-elles si elles s’appuyaient sur une connaissance vraie et intégrale de l’âme humaine (cf. p. 92, n. 1). Or cette base, la Philosophie seule est en état de la leur fournir. Il s’ensuit, semble-t-il, que, si un même homme doit exceller dans l’un et l’autre genre, ce ne peut être que le Philosophe : sur la scène, dirait-on volontiers en transposant un célèbre passage de la République (V 473 d), tout sera pour le mieux le jour où les philosophes seront à la fois poètes tragiques et poètes