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à côté de nous : il faut l’associer à notre recherche ; personne n’est plus qualifié pour y prendre part. Et 90 tout d’abord tel que tu le vois, Anytos est le fils d’un père riche et habile, Anthémion, qui n’a pas dû sa richesse au hasard ni à un présent, comme cet Isménias de Thèbes à qui viennent d’échoir les trésors de Polycrate[1] : lui s’est enrichi par son intelligence et son activité ; avec cela, ce n’est point un vaniteux gonflé de son importance et insupportable, mais un homme comme il faut et de bonnes manières. b Ajoute qu’il a parfaitement élevé et instruit son fils : ainsi du moins semblent en juger les Athéniens, qui choisissent celui-ci pour les plus hautes magistratures. C’est avec de tels hommes qu’il convient de rechercher s’il y a, oui ou non, des maîtres de vertu, et lesquels.


Appel à Anytos : discussion théorique d’abord.

Anytos, viens nous aider, ton hôte Ménon et moi, à résoudre un problème théorique d’abord, relatif à la vertu : quels sont les maîtres qui l’enseignent ? Comprends bien le sens de ma question : si nous voulions voir Ménon, ici présent, devenir un habile médecin, c chez quels maîtres l’enverrions-nous ? Chez les médecins, je suppose ?

Anytos. — Évidemment.

Socrate. — Et bon cordonnier ? Ne serait-ce pas chez les cordonniers ?

Anytos. — Oui.

Socrate. — Et de même pour les autres professions ?

Anytos. — Sans doute.

Socrate. — Encore une autre question sur le même sujet. C’est chez les médecins, disons-nous, que nous devrions l’envoyer si nous désirions qu’il apprît la médecine : en parlant ainsi, d ne voulons-nous pas dire qu’il serait sage à nous de l’envoyer chez des hommes qui exercent cet art plutôt que chez ceux qui ne l’exercent pas, chez des hommes qui se font payer

    p. 122, n. et p. 128, n.). Platon s’attarde à l’éloge d’Anthémion, sans doute pour marquer un contraste entre le père et le fils et faire de celui-ci, par un effet d’ironie, comme un exemple à l’appui de la thèse que va soutenir Socrate.

  1. Si le texte est exact, on entendra : une fortune comparable à celle du tyran de Samos. Mais peut-être, au lieu de Polycrate, faut-il lire Timocrate. L’Isménias dont il est ici question et que Platon