amour. » — Lysis et Ménexène approuvèrent discrètement, mais Hippothalès, dans sa joie, passa par toutes les couleurs.
Résumé et correction.
Je repris alors, dans l’intention de vérifier ce que nous venions de dire : — « Si la convenance diffère de la ressemblance, notre conclusion n’est pas sans valeur, à ce qu’il me semble, sur la nature de l’amitié. Mais si ces deux mots signifient la même chose, il nous est difficile de négliger notre affirmation précédente, et de nier que le semblable soit inutile au semblable en tant qu’il est semblable ; et quant à dire qu’on peut aimer l’inutile, c’est absurde[1]. Vous plairait-il, puisque nous sommes comme ivres de discussion, d’admettre que la convenance n’est pas identique à la ressemblance ? » — « Assurément. » — « Dirons-nous donc que le bien convient à toutes choses et que le mal leur est étranger ? Ou bien que le mal est apparenté au mal, le bien au bien, et l’indifférent à l’indifférent ? » — Ils furent d’accord avec moi sur chacune de ces relations. — « Prenez garde, enfants : nous retombons à propos de l’amitié dans la thèse que nous avions rejetée tout à l’heure ; car à ce compte l’injuste ne serait pas moins l’ami de l’injuste et le mauvais du mauvais que le bon ne le serait du bon. » — « C’est vrai », dit-il. — « Mais quoi ! dire que le bien et ce qui lui est propre sont la même chose, c’est dire que le bon ne peut être l’ami que du bon ? » — « Sans doute. » — « Or nous avons cru sur ce point nous être convaincus nous-mêmes d’erreur. Ne vous en souvient-il plus ? » — « Nous nous en souvenons. » — « Comment alors nous tirer de notre discussion ? N’est-il pas évident que cela nous est impossible ? Je vous demande donc la permission, comme font les orateurs habiles devant les tribunaux, de récapituler tout ce que nous avons dit. Si ni l’amant ni l’aimé, ni les semblables ni les différents, ni les bons ni ceux qui leur sont apparentés, ni aucune des autres catégories que nous avons énumérées — elles étaient si nombreuses que je ne puis même plus me les rappeler — si rien de tout cela n’est l’ami absolu, je n’ai plus qu’à me taire. »