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Socrate. — Ils n’ont guère l’habitude, non plus, de délibérer sur les exercices de la palestre, dans l’assemblée.

Alcibiade. — Non, effectivement.

Socrate. — Quel est donc, entre leurs sujets de délibération, celui dont tu veux parler ? Ce n’est sans doute pas des constructions ?

Alcibiade. — Oh ! non.

Socrate. — Car un architecte, sur ce sujet, b donnerait un avis meilleur que le tien.

Alcibiade. — Sûrement.

Socrate. — Ce ne sera pas non plus quand ils délibèrent sur une question de divination[1] ?

Alcibiade. — Nullement.

Socrate. — Là-dessus, un devin en sait plus que toi.

Alcibiade. — Sans doute.

Socrate. — Et cela, qu’il soit grand ou petit, beau ou laid, de haute ou de basse naissance.

Alcibiade. — Incontestablement.

Socrate. — Sur toute question, en effet, donner un conseil est l’affaire de celui qui sait, et non du plus riche.

Alcibiade. — Cela est hors de doute.

Socrate. — Ainsi donc, que l’auteur du conseil soit pauvre ou riche, les Athéniens s’en soucieront peu, lorsqu’ils délibèrent c sur la santé publique ; celui dont ils voudront l’avis, c’est un médecin.

Alcibiade. — Il y a apparence.

Socrate. — Alors, à propos de quoi comptes-tu te présenter au peuple comme capable de le bien conseiller ?

Alcibiade. — Quand ils délibéreront sur leurs intérêts, Socrate.

Socrate. — Entends-tu par là les constructions navales, quand on examine quels vaisseaux il faut construire ?

Alcibiade. — Non, Socrate, ce n’est pas ce que je veux dire.

Socrate. — En effet, tu ne connais pas le métier de constructeur, je crois. N’est-ce pas là le motif qui te retiendra ?

  1. On sait que les devins intervenaient en effet à Athènes dans les délibérations publiques : voir Euthyphron, 3 b-c. En outre, on décidait parfois de consulter tel ou tel oracle, particulièrement celui de Delphes. Il y avait même un interprète officiel des oracles pythiques (Platon, Lois, 759 d).