Page:Platon - Œuvres complètes, Les Belles Lettres, tome I.djvu/353

Cette page a été validée par deux contributeurs.
211
NOTICE

fait pressentir tout d’abord. Tout y est simple et grave. Et si l’éloquence y a pourtant sa place, c’est qu’elle naît spontanément des sentiments qui y sont mis en jeu et du génie de l’écrivain qui les interprète.



II

LE PERSONNAGE DE CRITON. LA RÉALITÉ ET LA FICTION


Criton, qui est dans ce dialogue l’interlocuteur unique de Socrate, nous est connu par une biographie sommaire de Diogène Laerce[1]. Dans l’Apologie, Socrate lui-même le présente à ses juges en ces termes : « Voici d’abord Criton, mon contemporain, du même dème que moi, père de Critobule ici présent[2]. » Un peu plus loin, il est nommé parmi ceux qui s’offraient à payer l’amende qui pourrait être infligée à l’accusé[3]. C’était donc pour Socrate un vieil ami d’enfance, riche et honnête Athénien, qui lui était resté attaché durant toute sa vie, s’était intéressé personnellement à sa philosophie et lui avait amené ses quatre fils, Critobule, Hermogène, Épigène et Ctésippe, pour qu’ils profitassent de ses leçons[4]. Plus que personne, il goûtait sa sagesse, acceptait et approuvait ses

  1. Diog. La., II, 12.
  2. Apologie, p. 33 d.
  3. Apologie, p. 38 d.
  4. Xén., Mém., I, c. 2, § 48, Σωκράτους ἦν ὁμιλητής. Cf. Criton, p. 49 a. Sur sa fortune, cf. Mém., II, c. 99 ; Criton, p. 45 a. Sur ses fils, Diog. La., pass. cité. Voyez, dans Xén., Mém., I, c. 3, § 8, la leçon de morale donnée par Socrate à Critobule en présence de Xénophon lui-même, et aussi, II, 6, leur entretien sur le choix des amis. Dans l’Économique du même auteur, Critobule est encore l’interlocuteur de Socrate. Criton, lui-même, d’après Diogène Laerce, aurait composé onze dialogues philosophiques, qui furent réunis en un volume. On peut se demander si ces dialogues étaient vraiment de lui. Il serait surprenant qu’il les eût écrits du vivant de Socrate ; et, si l’on songe qu’il était du même âge que lui, il ne le serait pas moins qu’il les eût composés après sa mort. Remarquons que Xénophon n’en dit rien.