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NOTICE

Ce qui ne paraît pas douteux, c’est que Socrate, dès qu’il fut accusé, prévit sa condamnation et l’accepta sans trouble. Elle fut prononcée, comme on l’a vu plus haut, par une majorité de 60 voix. Le condamné fut conduit du tribunal à la prison, où il devait mourir par la ciguë. Il y séjourna un mois environ, la loi athénienne ne permettant pas l’exécution d’une sentence capitale avant le retour du vaisseau qui conduisait annuellement une théorie à l’île sainte de Délos. Il semble qu’il aurait pu s’évader. Des amis fidèles et dévoués lui en offraient le moyen, comme Platon l’atteste dans le Criton. Socrate refusa. Certains détails relatifs à ses derniers jours et à sa mort nous ont été conservés par le beau récit qu’en a fait Platon dans son Phédon. On peut les résumer en disant qu’il resta jusqu’à la fin tel qu’il avait toujours été. Il attendit la mort paisiblement ; il l’accueillit avec la plus noble sérénité.



III

L’APOLOGIE DE PLATON


Lorsque Socrate mourut, Platon avait 28 ans. Il y avait environ neuf ans que d’étroites relations existaient entre eux. Fils d’une ancienne et riche famille, le jeune Athénien avait été sans doute attiré d’abord, comme beaucoup d’autres, par une curiosité à la fois intellectuelle et morale, vers ce sage, dont on louait également l’esprit et la vertu. Ce premier sentiment n’avait pas tardé à se changer en un attachement qui devint peu à peu une sorte de tendre dévotion. Toute son œuvre atteste quelle influence Socrate exerça sur lui. Il s’éprit de son idéal, il se passionna pour sa méthode. Pour un tel disciple, la mort d’un tel maître équivalait à un désastre. Il n’est pas douteux qu’il n’en ait été accablé. Ses biographes nous apprennent qu’il s’enfuit d’Athènes et se retira à Mégare, où plusieurs des autres amis de Socrate se groupaient en même temps autour du plus âgé d’entre eux, Euclide. Rien n’autorise à croire que Platon ait été obligé de se soustraire par cette retraite à un danger. Mais le sentiment de l’injustice