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NOTICE

Quels motifs personnels firent de lui un ennemi de Socrate ? Nous l’ignorons. Le rôle que Platon lui fait jouer dans son Ménon donne lieu de croire qu’il s’était senti blessé par les jugements trop libres de Socrate sur les chefs du parti populaire. Il ne paraît pas douteux, en tout cas, qu’il n’ait été le véritable auteur de l’accusation. Toutefois il la fit déposer par un certain Mélétos, jeune homme sans grande notoriété, et poète tragique sans talent[1] ; et ce fut ce Mélétos qui en prit la responsabilité. Probablement, Anytos, incertain du succès, ne se souciait pas de courir en personne les risques sérieux d’un échec ; c’est pourquoi il se choisit un complice qui consentit à jouer un rôle dangereux, mais tentant pour sa vanité. Tous deux s’adjoignirent un orateur de quelque renom, dont l’influence et le talent spécial pouvaient leur être utile ; il s’appelait Lycon[2]. À eux trois, ils combinèrent l’accusation la plus propre à perdre Socrate.



II

LE PROCÈS


La plainte (γραφή) fut déposée par Mélétos au greffe de

    En 399, Andocide, accusé, réclamait son appui (Sur les mystères, I, 150). D’après l’Apologie de Socrate de Xénophon (§ 29), il en aurait voulu à Socrate de ce que celui-ci aurait cherché à attirer à la philosophie son fils, qu’il destinait à l’industrie.

  1. Mélétos est dépeint en quelques mots par Platon au début de l’Euthyphron, p. 2 b. On voit là (et dans l’Apologie, p. 25 d) qu’il était encore jeune et peu connu. Il ne peut donc pas être confondu avec le poète du même nom, peut-être son père, dont Aristophane s’était moqué dans ses Laboureurs, pièce jouée probablement en 433. Mais il était poète, lui aussi, puisque Platon (Apologie, p. 23 e) le considère comme le représentant des poètes. Une scholie de l’Apologie sur ce passage le donne pour l’auteur d’une Œdipodie, à laquelle Aristophane faisait allusion dans ses Cigognes. D’après le même scholiaste, Anytos aurait acheté le concours de Mélétos.
  2. Lycon n’est connu que par quelques mots de l’Apologie, p. 23 e, et la scholie sur ce passage, où se trouvent réunis quelques témoignages des poètes comiques du temps, sans grand intérêt.