avant tout dialecticien subtil. La préoccupation métaphysique prédomine alors en lui sur la préoccupation morale. Examinant de près sa théorie des Idées, dans laquelle il avait réalisé sa conception de l’être immuable, dès le temps du Phèdon, du Banquet, du Phèdre et de la République, il la soumet à une revision critique, comme si, autour de lui, il avait entendu se produire des objections sérieuses. Une certaine sécheresse se fait sentir dans les œuvres de ce temps ; et, sans doute, elle tient principalement à la nature même des sujets, mais peut-être faut-il l’imputer aussi à un certain déclin des facultés inventives et créatrices qui avaient brillé dans les grandes œuvres de la période précédente.
Troisième séjour
en Sicile.
En 361, nouvelle interruption. Pour la troisième fois, Platon se rend en Sicile. Il y va, cette fois, pour remplir un devoir d’amitié. C’était Denys lui-même qui le rappelait avec prières, en lui promettant, s’il venait, de se réconcilier avec Dion par son intermédiaire. Probablement, le tyran, qui se piquait de littérature, tenait à réunir autour de lui, pour orner sa cour, les hommes qui étaient alors le plus en vue. Comme la première fois, l’accueil fut des plus flatteurs. Un cercle philosophique fut formé à Syracuse. Mais Denys remettait toujours l’exécution de ses promesses en ce qui concernait Dion. Platon se crut en devoir de les lui rappeler d’une manière de plus en plus pressante. Ses instances éveillèrent les appréhensions du tyran, toujours prêt à soupçonner Dion et ses amis de mauvais desseins. À la fin, le philosophe se vit de nouveau privé de sa liberté, confié même aux satellites de la tyrannie, qui ne dissimulaient pas leur malveillance. Sa vie était en danger. Peut-être eût-il péri secrètement, sans l’intervention énergique de son ami, Archytas de Tarente,