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INTRODUCTION

n’a dû s’achever qu’en plusieurs années. Il a pu être passagèrement interrompu pour d’autres travaux. C’est pourquoi rien ne paraît s’opposer à ce que certains dialogues, tels que le Ménéxène, le Cratyle, l’Euthydème, peut-être même le Philèbe, soient rapportés à divers moments de cette même période, qui s’étend approximativement de 380 à 367. Elle marque le plus beau moment de la vie de Platon, l’apogée de son génie.


Second séjour
en Sicile.

La date de 367 est celle d’un second voyage en Sicile, voyage entrepris avec les plus belles espérances et terminé malheureusement. Denys I venait de mourir. Son fils, le jeune Denys II, lui succédait ; il semblait être encore docile à l’influence de son beau-frère, Dion, l’ami fidèle du grand philosophe. Platon, dans tout l’éclat de sa renommée, se vit appelé à la cour du jeune roi, comme ami, comme conseiller ; il s’y rendit avec les dispositions d’un réformateur. L’accueil fut magnifique, mais la désillusion rapide. Denys, en devenant roi, avait pris le goût du pouvoir absolu. Il n’entendait être ni réformé ni même conseillé indiscrètement. Bientôt, cédant aux suggestions de ses conseillers, il exilait Dion. Platon était gardé à vue, perdait toute influence. Il dut s’estimer heureux d’être autorisé enfin à quitter Syracuse[1].


Les dialogues métaphysiques.

Revenu à Athènes, il y reprit son enseignement et y publia de nouveaux dialogues. C’est à cette période, entre 367 et 361, qu’on peut rapporter avec le plus de vraisemblance le Théétète, le Sophiste, le Politique, le Parménide. Il s’y montre

  1. Sur ce second séjour à Syracuse, Plutarque, Dion, 10-16, nous a laissé des renseignements intéressants, empruntés à Timée.