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INTRODUCTION

ger son séjour en ce pays au delà de cette date. Il est fort possible même qu’il soit rentré à Athènes dès 396.

Il paraît y avoir séjourné sans interruption jusque vers 388, tout adonné à ses études préférées et à ses méditations. D’ailleurs, il ne les gardait pas pour lui seul. Une série de dialogues, commencée vraisemblablement dès le temps de son séjour à Mégare, paraissait alors et faisait apprécier aux lecteurs athéniens un admirable talent d’écrivain, associé à un génie philosophique de premier ordre. Citons particulièrement l’Apologie de Socrate, le Lysis, le Charmidès, le Lachès, le Grand Hippias, le Protagoras, le Gorgias, le Ménon, sans parler de quelques autres œuvres moins importantes. Il y mettait en scène son maître, tel qu’il l’avait connu, tel qu’il le voyait toujours en imagination, et il le montrait conversant, comme il avait eu l’habitude de le faire, avec des interlocuteurs de rencontre, extrêmement divers, suivant la méthode qui avait été la sienne. Les idées essentielles étaient bien celles de Socrate ; le ton même, l’ironie gracieuse, la bonne humeur et la bonne foi qui l’avaient caractérisé, s’y retrouvaient pour le plus grand plaisir du public. Ce qui n’empêchait pas que la personnalité de l’auteur, sa malice satirique, son imagination charmante, sa grâce et sa souplesse naturelles n’y fussent partout sensibles. Quel fut le succès de ces chefs-d’œuvre ? nous l’ignorons ; mais on ne peut guère douter qu’il n’ait été fort vif. Il y avait trop d’hommes de goût à Athènes pour qu’ils n’y aient pas été appréciés. Ceux que la philosophie seule n’aurait pas réussi à retenir trouvaient à se délecter dans ces dialogues si vivants, qui étaient autant de fines et spirituelles comédies.


Premier séjour
en Sicile.

Vers 388, la guerre touchait à sa fin ; les hostilités étaient à peu près suspendues en fait. Platon se résolut à voyager de nouveau.