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INTRODUCTION

lieu de croire que, dès sa jeunesse, il connut également les œuvres de Parménide, de Xénophane et de Zénon, et aussi celles d’Empédocle et d’Anaxagore, plus ou moins répandues à Athènes et discutées dans les milieux intellectuels.


Ses relations avec Socrate.

Mais, à vingt ans, vers 407, il fut mis en relations avec Socrate et, dès lors, se donna entièrement à lui.

Tout, dans ce maître nouveau, l’attirait : sa vertu souriante, sa bonhomie, la finesse vraiment attique de son esprit, sa critique incisive et pénétrante, habile à démasquer toutes les fausses apparences, la vivacité de sa pensée, riche en aperçus nouveaux. Négligeant systématiquement les problèmes de l’univers, Socrate s’attachait uniquement à l’homme et visait à dégager les principes directeurs de la vie. En l’écoutant, en l’interrogeant, en discutant avec lui, Platon à son tour s’éprit passionnément de morale. Pour quelque temps au moins, ses autres préoccupations passèrent à l’arrière-plan. Et dans cette nouvelle étude, la méthode du maître, également nouvelle, s’imposa à son esprit. Il admira cette sincérité qui se refusait à dogmatiser, cette prudence modeste qui se faisait ignorante à dessein pour chercher plus librement la vérité. Il fut captivé par l’art merveilleux avec lequel Socrate savait interroger, suivre une idée comme à la piste, et, de question en question, amener ses interlocuteurs soit à reconnaître leurs erreurs, soit à découvrir avec lui, ou même avant lui, quelque chose de la vérité cherchée. Pendant huit années, de 407 à 399, il ne se lassa pas d’étudier cette dialectique : elle lui paraissait de plus en plus féconde. Et elle prit tellement possession de son esprit, qu’après la mort de son maître il ne conçut rien de mieux que de l’imiter.