sonnages dont j’ai parlé de réformer les relations qu’ils ont eues entre eux, ils n’épargneraient aucune peine pour mériter une autre réputation que celle qui s’attache aujourd’hui à leur souvenir. Quant à nous, s’il plaît à Dieu, il est temps encore de réparer, par nos actions et par nos discours, les fautes que nous pourrions avoir commises ; de plus, je crois que [311e] la vraie réputation de la philosophie dépendra de la nôtre : bons, on l’estimera, mauvais, on la méprisera ; et que pouvons-nous faire de plus saint que de veiller à la philosophie, quoi de plus impie que de la négliger ? Je te dirai ce qu’il faut faire et ce que la justice demande. Je suis venu en Sicile avec la renommée du premier philosophe de ce temps. [312a] À Syracuse, mon dessein était de faire confirmer par toi ce témoignage pour que la philosophie fût respectée par le peuple en ma personne ; mais l’événement n’a point justifié mes vœux. Je n’attribuerai pas ce mauvais succès au motif que tant d’autres lui donneraient ; mais tu ne paraissais pas avoir une entière confiance en moi ; il semblait que tu voulusses me congédier pour en appeler d’autres à ma place ; tu cherchais à pénétrer mes desseins dont tu te défiais, à ce que j’ai cru voir ; de tous côtés on répandait le bruit [312b] que tu n’avais que du mépris pour moi, et que tu pensais à toute autre chose qu’à profiter de mes conseils : du moins c’était là le bruit public. Apprends maintenant ce que nous avons à faire pour répondre à la question que tu m’adresses sur la conduite que nous avons à tenir l’un envers l’autre. Si tu méprises tout à fait la philosophie, il ne faut plus en parler : si tu as appris de quelque autre ou si tu as découvert toi-même une meilleure philosophie que la mienne, à merveille ; mais si tu es satisfait de mes leçons, il faut me rendre la justice qui m’est due. Sois comme autrefois le premier à
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LETTRE II.