pas toi d’abord, Socrate, mais tes compagnons d’âge et de pensée, tes disciples, tes amis, enfin, quel que soit le nom qu’on doive donner au lien qui les attache à toi. Je m’adressai d’abord à ceux que tu estimes le plus ; je leur demandai de quoi on parlerait ensuite, et [408d] imitant ta méthode : que faut-il penser, mes amis, leur dis-je, de cette exhortation de Socrate à la vertu ? Est-ce là tout ? Ne faut-il pas arriver à la pratique et mettre la main à l’œuvre ? Faut-il que toute la vie se passe pour nous à exhorter ceux qui ne l’ont point encore été, et pour ceux-ci à en exhorter d’autres à notre exemple ? Ou plutôt, puisque nous convenons tous [408e] que c’est un devoir pour nous que ces exhortations, ne faut-il pas demander à Socrate et nous demander à nous-mêmes : qu’y a-t-il après cela ? Par où commencerons-nous l’étude de la justice ? Si quelqu’un venait nous exhorter à prendre soin de notre corps, nous voyant insouciants comme des enfants de ces arts qu’on nomme la gymnastique et la médecine ; et s’il nous faisait un reproche de donner tous nos soins au blé, à l’orge, à la vigne, à toutes ces choses enfin que nous cultivons et que nous recherchons pour les besoins de notre corps, sans rechercher le moins du monde un art, un exercice pour fortifier notre corps même, et cela quand cet art existe ; si nous demandions à cet homme de quels arts [409a] il veut parler, sans doute il répondrait que c’est de la gymnastique et de la médecine. Mais quel est l’art pour former l’âme à la vertu ? Répondez. Cet art, me dit celui qui paraissait le plus fort, c’est celui que Socrate a souvent appelé devant toi la justice. Ce n’est pas le nom seulement que je te demande, lui dis-je. [409b] Ainsi la médecine est un art ; mais elle a un double objet : d’abord de former de nouveaux médecins par les soins de ceux qui le sont déjà, et puis de guérir. De ces deux
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CLITOPHON.