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MINOS.

Interlocuteurs : SOCRATE, UN AMI DE SOCRATE[1].

[313a] SOCR. Qu'est-ce que la loi?

L'AMI DE SOCRATE. De quelle loi veux-tu parler?

SOCR. Comment! Les lois diffèrent-elles entre elles en tant que lois? Fais attention à ma question. C'est comme si je te demandais : qu'est-ce que l'or, et que tu voulusses savoir de quel or j'entends parler: je crois que tu aurais tort. Il n'y a pas de différence entre l'or et l'or [313b] en tant qu'or, entre la pierre et la pierre en tant que pierre ; telle loi ne diffère pas davantage de telle autre loi; elles sont toutes la même chose; chacune d'elles est loi comme les autres, ni plus ni moins. Ce que je te demande, c'est en général qu'est-ce que la loi? Si tu le sais, réponds-moi.

L'AMI. La loi peut-elle être autre cho&e, Socrate, que ce qui est légitime?

SOCR. La parole, à ton avis, est-elle donc ce qu'on dit, la vue ce qu'on voit, l'ouïe ce qu'on entend, ou la parole [313c] et ce qu'on dit, la vue et ce que l'on voit, l'ouïe et ce qu'on entend, la loi et ce qui est réglé par la loi sont-ils des choses différentes? Quelle est ton opinion?

L'AMI. C'est tout autre chose, je le vois maintenant.

SOCR. La loi n'est donc pas ce qui est légitime ?

L'AMI. Non, à ce qu'il me semble.

  1. L'interlocuteur de Socrate est anonyme; son nom ne se trouve nulle part dans ce petit dialogue, qui paraît avoir été appelé Minos assez mal à propos et seulement parce que l'éloge de cet ancien roi de Crète y occupe une grande place.