tous les maux d'une nature différente, il n'y a rien de surprenant que l'âme soit le principe de toute [988e] tendance, de tout mouvement, que la tendance et le mouvement vers le bien viennent de la bonne âme, et le mouvement vers le mal de la mauvaise, et qu'il faille que le bien l'ait toujours emporté et l'emporte sur le mal. Nous ne disons rien en cela que n'approuve la justice qui doit tirer vengeance des impies. Il ne nous est pas permis non plus de révoquer en doute ce principe, que l'homme de bien mérite le titre de sage. [989a] Mais voyons si cette sagesse qui fait depuis si longtemps l'objet de nos recherches est attachée à une science ou à un art que nous ne puissions ignorer, sans ignorer aussi ce que c'est que la justice. Je crois qu'il en est ainsi, et là-dessus voici ma pensée : après de longues et pénibles recherches, la sagesse s'est montrée à moi, et je vais essayer de vous la faire voir telle que je l'ai vue. Par tout ce qui vient d'être dit, [989b] je crois avoir fait entendre que la cause de notre ignorance est que nous pratiquons mal ce qui fait comme l'essence de la vertu (je parle de la piété envers les dieux), et gardons-nous bien de croire qu'il y ait une partie plus essentielle de la vertu que les mortels doivent lui préférer. Il faut expliquer comment par la plus grossière ignorance elle ne s'est pas trouvée dans les plus excellents naturels. J'appelle excellents naturels ceux qui se forment très difficilement, mais dont on peut se promettre les plus grands biens, lorsqu'ils sont formés. En effet, il faut un certain tempérament de lenteur et de vivacité, afin qu'une âme soit douce et en même temps qu'elle aime le courage, et soit docile aux leçons de la tempérance. Ce qui est aussi très important, [989c] c'est qu'elle joigne à ces qualités de la disposition pour les sciences et une mémoire aisée qui lui fassent trouver du plaisir à l'étude, afin qu'elle s'y porte avec ardeur. Au-
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