leur qui est dans le feu. Un quatrième enfin, se moquant de tous les autres, prétend que le juste, c’est ce que dit Anaxagoras, à savoir l’intelligence[1] ; c’est elle qui gouverne le monde par elle-même, et qui, sans se mêler à rien, arrange toutes les choses en les pénétrant, διὰ ἴων. Je me trouve alors, mon cher ami, dans une bien plus grande incertitude, qu’avant d’avoir commencé à m’enquérir de la nature du juste. Mais, pour notre philosophe, il est bien convaincu que telle est l’origine du nom qui nous occupe.
À ce qu’il semble, Socrate, tu ne dis là que ce que tu as entendu dire à d’autres, et tu ne parles pas d’après toi-même.
Et n’ai-je pas fait de même pour les autres noms ?
Pas tout-à-fait.
Eh bien, suis-moi : peut-être saurai-je également te faire illusion sur le reste, et te donner à penser que je parie d’après moi seul. Après la justice, de quoi devons-nous parler ? Nous ne nous sommes pas encore occupé, je crois, du courage, ἀνδρία. Évidemment l’injustice, ἀδικία, est proprement l’obstacle de ce qui pénètre les
- ↑ Voyez le Phédon, traduction française, t.1, p. 276.