intelligence douée de bonté, qui se complaît à se répandre hors d’elle-même, et à communiquer ses divins attributs. De là l’expression de père, que Platon donne en cet endroit à l’auteur de l’univers. Aussi, contre l’opinion de Stalbaum, je crois pouvoir prendre cette expression de père dans le sens à la fois païen et chrétien, comme synonyme de ποιητὴς (poiêtês) et de δημιουργός (dêmiourgos), et en même temps, dans une certaine mesure, comme l’antécédent du πατὴρ ἡμῶν (patêr hêmôn).
Chez Aristote, ce caractère de bonté semble manquer à Dieu. Dans la Métaphysique (livre xii), la bonté de Dieu est déduite de sa nécessité. Si le premier moteur immuable est nécessaire, il est bon ; ce qui ne veut pas dire qu’il possède l’attribut moral de la bonté, mais qu’il possède le bien, le bonheur parfait. Ainsi, tout bonheur vient de Dieu, qui en est le principe suprême ; mais Aristote ne dit point que Dieu le répand lui-même par sa volonté.
Plus tard, au sein du christianisme, s’est élevée une autre doctrine, bien différente de celle de Platon, et qui a prétendu et prétend même encore être la seule doctrine chrétienne orthodoxe ; je veux parler de la doctrine d’Ockam, qui, à force de revendiquer la volonté divine, la sépare presque de l’intelligence et de la bonté, et fait créer le monde à Dieu tel qu’il est, uniquement parce qu’il lui a plu de le faire ainsi, par un acte entièrement arbitraire,