Page 22. — Parménide à Socrate : « Elle est belle et divine, sache-le bien, cette ardeur qui t’anime pour les discussions philosophiques. Mais essaie tes forces et exerce-toi, tandis que tu es jeune encore, à ce qui semble inutile et paraît au vulgaire un pur verbiage, sans quoi la vérité t’échappera. — Et en quoi consiste donc cet exercice, Parménide ? — Zénon t’en a donné l’exemple : seulement j’ai été charmé de t’entendre lui dire que tu voudrais voir la discussion porter non sur des objets visibles, mais sur les choses que l’on saisit par la pensée seule, et qu’on peut regarder comme des idées. — C’est qu’en effet il me semble que dans le premier point de vue il n’est pas difficile de démontrer que des mêmes choses sont semblables et dissemblables, et susceptibles de tous les contraires. — Très-bien, répondit Parménide. Cependant, pour te mieux exercer encore, il ne faut pas te contenter de supposer l’existence de quelqu’une de ces idées dont tu parles, et d’examiner les conséquences de cette hypothèse : il faut supposer aussi la non-existence de cette même idée. — Que veux-tu dire ? — Par exemple, si tu veux reprendre l’hypothèse d’où partait Zénon, celle de l’existence de la pluralité, et examiner ce qui doit arriver tant à la pluralité elle-même relativement à elle-même et à l’unité, qu’à l’unité relativement à elle-même et à la pluralité ;